Rectocolite hémorragique : quand le côlon s'enflamme
Jusqu'à six diarrhées aiguës et douloureuses par jour, de la fièvre... La rectocolite hémorragique est un enfer au quotidien. Quels sont les traitements efficaces et aliments à éviter ?
La rectocolite hémorragique fait partie des affections inflammatoires de la muqueuse digestive, tout comme la maladie de Crohn. Elles sont toutes les deux des maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, ou MICI.
Mais contrairement à la maladie de Crohn qui touche tout le tube digestif, elle ne concerne que le côlon et le rectum. Elle est due à une inflammation de la muqueuse du rectum. Elle peut s'étendre le long du côlon gauche, et même au-delà, dans les formes graves.
Elle touche une personne sur 1 000 et on estime le nombre de nouveaux cas par an à 6 à 8 pour 100.000 habitants. En France, 84.000 personnes sont concernées. La RCH peut survenir à n'importe quel âge mais elle se déclare surtout chez les adultes jeunes, entre 15 et 35 ans.
Quels sont les signes de la rectocolite hémorragique ?
La rectocolite évolue par poussées, avec exacerbation des symptômes. Elle se manifeste par des émission de sang par l'anus (appelées rectorragies), des douleurs abdominales intenses, parfois des diarrhées ou des "faux besoins" (envie d'aller aux toilettes sans émettre de selles ou peu).
Dans sa forme la plus légère, la rectocolite se manifeste par moins de quatre crises de diarrhées par jour sans fièvre. Elle concerne deux tiers des cas. Une forme plus sévère concerne un malade sur dix. Dans ce cas, il y a entre 4 et 10 diarrhées par jour et l'état de santé est très altéré. Chez l'enfant et l'adolescent, elle peut ralentir la croissance.
Des causes mal connues
Il est établi que la rectocolite hémorragique est multifactorielle et s'explique par plusieurs facteurs : génétiques, qui prédisposent à développer la maladie ; environnementaux (le tabagisme et l'ablation de l'appendice sont des facteurs protecteurs) ; immunitaires (il y aurait une réaction anormale de défense du système immunitaire, envers des cellules du corps).
Si le stress peut aggraver les symptômes, il n'est pas responsable de la maladie.
Diagnostic de la rectocolite : la coloscopie
Il existe de nombreuses affections inflammatoires de la muqueuse digestive et il n'est pas toujours facile d'identifier celle qui est en cause.
Le mode de détection le plus fiable est la coloscopie qui permet d'examiner le rectum, le côlon, et d'effectuer une biopsie. C'est également un examen de référence pour suivre l'évolution de la maladie.
Alimentation : au revoir fibres et lactose
Lors des poussées d'intensité moyenne, l'alimentation doit être absolument contrôlée. Elle doit être adaptée, et entre autres ne contenir ni fibres, ni lactose.
François Aupetit a créé une association d'aide aux personnes qui souffrent de maladies inflammatoires de la muqueuse digestive, dont la rectocolite hémorragique. Elles se retrouvent notamment pour des ateliers cuisine, objectif : apprendre à cuisiner des aliments normalement "bannis" de leur alimentation en raison de leurs maladies.
Rectocolite hémorragique : quels traitements ?
Le traitement des poussées dépend de la gravité des signes :
Corticoïdes et anti-inflammatoires. Certains médicaments agissent sur le système de défense pour l'empêcher de s'emballer et de provoquer l'inflammation, d'autres agissent sur la douleur et calment cette inflammation. On administre des corticoïdes sur une courte période, en perfusion ou par voie rectale. Des anti-inflammatoires intestinaux sont également prescrits pour diminuer la fréquence des rechutes.
Lors de poussées sévères, des antibiotiques sont ajoutés aux corticoïdes et l'alimentation par voie orale est arrêtée au profit d'une perfusion. Des transfusions peuvent même s'avérer nécessaires.
Le traitement de fond comporte des immunosupresseurs comme l'azathiprine (Imurel®), et surtout les anti-TNF, des biothérapies qui offrent des rémissions aux patients. Elles sont indiquées dans les formes plus sévères ou en seconde intention après échec de l'azathiopprine, des biothérapies ou "anti-TNF". Il s'agit de l'infliximab et de l'adalimumab dans la maladie de Crohn, et de l'inflixumab, de l'adalimumab et du golimumab dans la RCH. Associer une biothérapie et de l'azathioprine est également possible.
Le vedolizumab est un traitement par perfusion dont le mécanisme est inédit. Cette thérapie nécessite un suivi médicalisé en hôpital de jour pour éviter les complications et surveiller les effets secondaires. Elle est indiquée en cas d'échec des traitements habituels des MICI.
Dans la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, certaines de nos cellules immunitaires contenues dans le sang, les globules blancs, traversent la paroi des vaisseaux et migrent en nombre anormalement élevé vers le tube digestif. C'est ce qui amplifie et entretient l'inflammation chronique. Ce passage est permis par une protéine appelée intégrine, qui se trouve à la surface des globules blancs.
Autres options : le tofacitinib, qui se donne en comprimés, le filgotinib chez les femmes en échec thérapeutique, et l'upadacitinb chez les patients en échec thérapeutique.
Quand envisager une chirurgie ?
En cas de complication, une intervention chirurgicale sera nécessaire. Le chirurgien retire alors le côlon, voire le rectum, puis rétablit la continuité du tube digestif entre l'anus et l'intestin grêle. Si cela ne suffit pas, la deuxième étape consiste à supprimer le rectum et à fabriquer un nouveau réservoir qui remplacera le rectum.
D'autre part, le risque de cancer du côlon est augmenté pour les formes étendues au delà du sigmoïde, après plus de 8 ans d'évolution. une surveillance particulière est alors recommandée.
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