Sida : nouveaux espoirs ou effets d'annonce ?
Chaque mois, de nouvelles études sur le sida sont publiées. Autant d'espoirs pour les 33 millions de personnes infectées par le VIH. Mais quelles sont les réelles avancées de la recherche dans la lutte contre le sida ?
Entretien avec le Dr Marina Karmochkine, médecin immunologiste à l'hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris
"Aujourd'hui, il n'y a pas de vaccin préventif contre le sida. Ce qui est néanmoins très encourageant c'est qu'il y a beaucoup d'équipes internationales qui travaillent sur un vaccin préventif, c'est-à-dire un vaccin qu'on donnerait à des gens qui ne sont pas infectés, donc potentiellement aux sept milliards d'êtres humains.
Il existe d'autres pistes de travail concernant un vaccin thérapeutique, pour des gens qui sont déjà séropositifs et sous traitement. L'objectif étant d'arrêter les traitements antirétroviraux et d'être en bonne santé le plus longtemps possible. On a déjà des résultats sur ces vaccins thérapeutiques, ils permettent d'avoir plusieurs mois sans médicament, donc d'avoir un certain confort de vie."
"Il existe beaucoup de médicaments antiviraux très puissants et vraiment efficaces. Grâce à eux on parvient aujourd'hui à diminuer par 1.000 ou même 10.000 la quantité de virus. Mais il reste toujours une quantité de virus caché dans des cellules réservoirs. Beaucoup d'équipes de recherche travaillent sur ce virus caché. L'enjeu est de trouver comment faire sortir ce virus caché pour ensuite le bombarder d'antirétroviraux."
"La voie de recherche la plus intéressante aujourd'hui c'est le Tasp, Antiretroviral treatment as prevention of HIV and TB, c'est-à-dire la prise de médicaments antirétroviraux par des personnes séropositives. Cette voie réduit considérablement la quantité de virus présente dans l'organisme, elle rend les gens beaucoup moins infectants. Et on sait déjà qu'à l'échelle d'une population, quand les gens sont traités, il y a beaucoup moins de nouveaux cas. Si on dépiste tôt et qu'on traite tout le monde, le stock de virus circulant diminue et donc le nombre de nouvelles infections diminue."
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