Un coin de répit pour les aidants
Pour éviter l’isolement social et l’épuisement, il existe des structures de répit. Dans le Morbihan, du côté de Lorient, l’association Kassiopée propose d’accompagner les aidants et leurs proches malades.
Comme chaque matin, c’est Anne-Marie qui ouvre les volets. Depuis, près de 15 ans, elle gère tout dans la maison.
Gérard, son mari, souffre d’une maladie neurodégénérative avec trouble de la mémoire et perte de la motricité.
Pour chaque geste du quotidien, il a besoin de l’aide de sa femme.
"Le matin, je lui fais sa toilette, je le rase, on choisit les vêtements, je l’aide à s’habiller" explique Anne-Marie.
"Heureusement qu’elle est là parce que je suis maladroit et je risque de tout casser, ça m’arrive quelques fois…" commente Gérard.
Ne pas culpabiliser
Cette aide ne s’arrête pas au petit déjeuner, Anne-Marie gère aussi tous les rendez-vous médicaux de Gérard et l’accompagne partout.
Pour la soulager de ce rythme épuisant, Gérard est accueilli 2 fois par semaine dans une structure spécialisée pour la journée. Une séparation qui a longtemps culpabilisé Anne-Marie.
"C’était très difficile au départ, je me disais qu’est-ce que je fais, j’étais pas prête en fait. L'accueil de jour pour moi, c’était lié au grand-âge. Et puis, petit à petit voyant il s’habituait, ça a été..." explique Anne-Marie .
Aidant : un "job" à plein temps
Petit à petit Anne-Marie a endossé le rôle d’aidante. Il lui a fallu du temps pour l’accepter.
"Être aidante, c’est la perte de mon mari d’hier et de la nouvelle vie avec mon mari aujourd’hui. Imaginons un puzzle, j’ai l’impression que je perds une partie de mon puzzle au fur et à mesure, une petite miette chaque jour s’en va. Je m’en rends bien compte mais tant que je peux le maintenir comme ça... Beaucoup de médecins me disent de continuer, que ça donne un peu plus de punch pour repartir", confie Anne-Marie.
Pour l’aider à gérer ce nouveau rôle, Anne-Marie prend un peu de temps pour elle, à la maison des aidants. Ici, elle y trouve l’écoute et l’aide qui lui a permis de ne pas craquer.
Tout est mis en place pour se ressourcer : aide psychologique, sociale, séance de bien-être et atelier créatif.
L'occasion aussi de partager leurs difficultés.
Un droit au répit indispensable
"C’est compliqué, ma mère ne me reconnait plus. Elle sait que je viens parce que c’est toujours moi qui vient, mais elle ne sait pas qui je suis", commente une aidante.
"Moi, comme je vis seule, j’ai personne à qui en parler à part mon chat, donc ça me permet aussi d’avoir un partage", ajoute une autre aidante.
"Il faut absolument faire des coupures. Ce soir, je le retrouve mais c’est une journée ou j’ai vu le soleil, je suis sortie, je ne lui ai pas dit attention tu vas tomber, attention ci, attention ça, voilà je vis pour moi", confie Anne-Marie.
Pour toutes ces aidantes, ces quelques heures de répit sont devenues indispensables pour retrouver le sourire et l'énergie dont elles ont besoin et continuer ainsi à accompagner au mieux leurs proches.