Brûlures des enfants : restons vigilants !
Ne touche pas à ça, tu vas te brûler ! Selon les chiffres de l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS), sur dix personnes hospitalisées pour brûlure, quatre ont moins de 16 ans, trois d'entre eux ayant moins de cinq ans. Les chiffres sont similaires au Royaume-Uni, où une étude détaillant les causes des brûlures touchant les enfants vient d'être publiée dans la revue Archives of Disease in Childhood.
Les liquides, première cause de brûlure
Les données analysées portent sur 1.215 hospitalisations de garçons et de filles âgées de 0 à 16 ans, dans plusieurs établissements hospitaliers britanniques.
Selon ces travaux, 58% des brûlures correspondaient à des ébouillantements (par un liquide ou de la vapeur). 32% présentaient des brûlures de contact (lésions cutanées provoquées par un objet chaud).
Pour les enfants âgés de moins de 5 ans, 55% de ce type de brûlures avaient pour cause une tasse de boisson chaude. Une fois sur deux, c'est l'enfant qui tire à lui la tasse... Le contact avec un liquide chaud est encore en cause dans la moitié des ébouillantements des 5-16 ans (un récipient renversé, dans trois quarts des cas).
Au pays du 5 o’clock tea (le thé de cinq heures), on peut donc estimer qu’un tiers de toutes les brûlures domestiques entraînant une hospitalisation sont associées à de l’eau passée par la bouilloire... L’eau chaude sanitaire est également responsable de nombreuses brûlures graves - en France, de 20 à 30% des brûlures graves de l’enfant lui seraient imputables, selon diverses études.
Tous âges confondus, les ébouillantements touchent dans 96% des cas l’avant du corps : le visage, les bras et le tronc pour les plus petits, les mains, les jambes et le bas du tronc pour les 5-16 ans.
Fers à repasser, fers à friser et plaques de four
Chez les moins de 5 ans, les brûlures de contact ont, quatre fois sur cinq, pour origine un contact avec un objet quotidien. En effet, dans 42% des cas, ces brûlures sont causées par des fers à repasser et des fers à friser, et dans 27% des cas, par des plaques de cuissons.
Chez les plus grands, la brûlure est subie dans près d’un cas sur deux en extérieur (barbecue, etc.). Dans deux tiers des cas, les enfants se brûlent au niveau des mains.
Comment réagir en cas de brûlure ?
En cas d’accident, il faut avant tout garder son sang froid.
Comme détaillé dans la chronique du Dr Kierzek du 24 mai 2011, un appel au SAMU Centre 15 est impératif dans les cas suivants :
- apparition de cloques sur une surface supérieure à la moitié de la paume de la victime ;
- aspect noirâtre de la partie brulée ;
- localisation particulière : visage, mains, voisinage des orifices naturels ou des articulations (les brûlures de la bouche et du nez peuvent rapidement entraîner des difficulté́s respiratoires).
En attendant l'arrivée des secours, passez doucement à l'eau froide la région brûlée pendant au moins dix minutes. Faites attention de ne pas trop refroidir l'enfant, vous risquez de faire baisser sa température centrale et de provoquer une hypothermie. N'appliquez surtout aucun produit si la brûlure est profonde et qu’elle se situe près des yeux et des orifices naturels, car la plaie pourrait s'infecter.
De l'eau, rien que de l'eau
Si la brûlure est de petite dimension (inférieure à la moitié de la paume de la main de la victime) et qu’elle se situe loin des yeux et des orifices naturels, n'utilisez pas de "remède de grand-mère" (dentifrice, beurre, etc). Faites immédiatement couler de l'eau fraîche sur la peau brûlée, sans pression, pendant au moins dix minutes. Vous pouvez ensuite laisser sécher ou recouvrir d'un tulle gras.
En cas de projection de produit chimique sur la peau et les vêtements, il faut ôter (en se protégeant) ou faire ôter immédiatement les vêtements imbibés de produit. Il faut les arroser abondamment à grande eau, le plus tôt possible pour éliminer le produit en cause et ce jusqu'à l'arrivée des secours. Si le liquide chimique a été projeté dans l'œil, il faut là encore rincer abondamment à l'eau, le plus tôt possible, en prenant soin que l'eau de lavage ne coule pas sur l'autre œil. Une consultation ophtalmologique est impérative, qu'il y ait trouble visuel ou non.
Enfin, en cas de brûlures internes par ingestion, il ne faut pas faire vomir. Il ne faut pas donner à boire sans avis médical. Surveiller la victime et garder l'emballage du produit chimique en cause et le produit restant. Quant aux brûlures électriques, il s'agit toujours de brûlures graves avec notamment des lésions internes. Le seul réflexe, contacter le SAMU Centre 15.
Sources :
- Patterns of burns and scalds in children. A.M. Kemp, S. Jones, Z. Lawson, S.A. Maguire. Arch. Dis. Child. publication avancée en ligne du 3 février 2014. doi:10.1136/archdischild-2013-304991
- Épidémiologie des patients hospitalisés pour brûlures. A. Rigou, B. Thélo. L’aide soignante, mai 2013. doi:10.1016/j.aidsoi.2013.02.015
VOIR AUSSI :
- Accidents domestiques : 19.000 morts par an évitables, article du 5 novembre 2012
- Brûlures : attention danger ! dossier du 22 juin 2012
- Accidents domestiques, première cause de décès chez les jeunes enfants, dossier du 6 août 2009, mis à jour le 13 juin 2011
- Quelles sont les précautions à prendre pour empêcher un enfant de 6 ans de toucher aux produits ménagers ? question/réponse avec le Dr Meyer du 25 mai 2011
- Accidents domestiques : le plus courant ? question/réponse avec le Dr Meyer du 25 mai 2011
- Accidents domestiques des enfants, ch@t du 25 mai 2011
- Bien agir face aux brûlures, chronique du Dr Gérald Kierzek du 24 mai 2011
- Brûlures : le gras efficace ? question/réponse avec le Dr Vinsonneau du 15 septembre 2010
- Brûlures de l'enfant : restez vigilants ! dossier du 14 avril 2009
En France, 27% des hospitalisations pour brûlure concernent des enfants de moins de 5 ans.