Cancer du foie : l'espoir viendrait d'un virus
Un virus modifié pour attaquer les cellules cancéreuses, empêcher l'"approvisionnement" de la tumeur et stimuler les défenses immunitaires contre les cellules malignes dans le cancer du foie, donne des résultats encourageants selon une étude publiée dans la revue Nature Medicine.
"C'est un bel espoir pour les patients encore assez nombreux dont la maladie échappe aux thérapeutiques actuelles", estime le Dr Laurent Castera, hépatologue à l'hôpital Beaujon de Clichy*. Aujourd'hui, face au cancer primitif du foie, ou carcinome hépatocellulaire, les équipes disposent surtout d'une sorte de chimiothérapie locale (chimio-embolisation) et d'un traitement, dit ciblé, qui s'attaque aux vaisseaux sanguins approvisionnant la tumeur.
"Malheureusement, comme ce cancer est neuf fois sur dix associé à une cirrhose, cela complique et limite souvent nos possibilités d'actions", poursuit-il. Une cirrhose peut par exemple contre-indiquer un traitement ou en aggraver les effets secondaires.
"Cette nouvelle approche très originale serait donc intéressante", estime l'hépatologue. "Cette stratégie repose sur la transformation d'un virus en cheval de Troie, à la fois capable d'infecter les cellules cancéreuses pour les détruire, de limiter leur vascularisation et d'activer le système immunitaire."
C'est une société de biotechnologie californienne, Jennerex, qui a créé ce virus-médicament, Pexa-Vec. Ses équipes se sont associées à des chercheurs universitaires américains, canadiens, italiens et sud-coréens pour le tester.
D'après l'étude qu'ils viennent de publier dans Nature Medicine, parmi les trente patients dont le cancer du foie échappait à tout traitement, les seize qui ont reçu des doses importantes de ce virus modifié ont survécu 14,1 mois en moyenne tandis que les quatorze patients ayant reçu des doses plus faibles n'ont survécu que 6,7 mois. Ces résultats ont été obtenus avec seulement trois injections en un mois. "L'effet prolongé constaté tend à confirmer l'action sur le système immunitaire à distance du traitement", relève le Dr Castera.
Et cet espoir de nouvelle stratégie thérapeutique fait un beau clin d'œil à l'histoire de la médecine puisque le virus en question est celui de la vaccine, utilisée depuis des décennies contre la variole. C'est surtout un gage de sécurité avec un recul considérable sur son innocuité. "Cet élément permet de rassurer tous ceux qui s'inquièteraient à l'idée d’être traités par un virus, souligne le clinicien. De plus, la tolérance est bonne avec seulement un ou deux jours de syndrome grippal, et enfin, les modalités d'injection sont assez simples."
Autant de raisons d’espérer apporter dans un proche avenir plus d'années de vies aux patients atteints de cancer du foie.
*Centre de référence dans la prise en charge du carcinome hépatocellulaire
Source : "Randomized dose-finding clinical trial of oncolytic immunotherapeutic vaccinia JX-594 in liver cancer", Nature Medicine, 10 February 2013, doi:10.1038/nm.3089
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