Critiques sur l'interdiction de l'alcool au volant
L'hypothèse d'une interdiction de l'alcool au volant, notamment pour les jeunes, va être étudiée au sein du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), mais cette idée est critiquée tant par des associations de sécurité routière que d'automobilistes.
Interrogé sur l'instauration du "zéro gramme d'alcool dans le sang au volant", le délégué interministériel à la sécurité routière Frédéric Péchenard a affirmé au Journal du Dimanche que ce sujet "sera discuté au sein du Conseil national de sécurité routière, qui est un peu le parlement de la sécurité routière, notamment pour les 18-24 ans".
Il a rappelé que "cette tranche d'âge (9% de la population) représente 25% des tués, 1.000 morts" par an et que "l'alcool intervient dans 40% des accidents mortels" qui les touchent.
Mais à peine à l’étude, cette mesure est déjà critiquée par plusieurs associations.
"Nous ne sommes pas en faveur de nouvelles lois alors que les anciennes ne sont pas complètement appliquées, notamment la loi Evin", a réagi auprès de l'AFP Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière. "Cette question, récurrente à l'approche des fêtes de fin d'année, mérite bien sûr d'être étudiée", a-t-elle néanmoins estimé.
La Grande-Bretagne, où le seuil d'alcoolémie autorisé est plus haut qu'en France (0,8 g/l de sang au lieu de 0,5 g/l), "obtient de meilleurs résultats car la loi y est plus appliquée", a-t-elle fait valoir.
En France, une alcoolémie supérieure à 0,5 g/l entraîne au minimum un retrait de six points du permis de conduire, c'est-à-dire la totalité des points du permis probatoire d'un jeune conducteur.
Pour la présidente de la Ligue contre la violence routière, il ne "faut pas faire du sur-mesure pour les jeunes, cela aurait comme conséquence de fragiliser leur permis et de changer le dispositif de leur permis probatoire".
L'alcool est depuis 2006 la première cause de mortalité sur les routes françaises, avec près d'un tiers des tués (30,8% en 2011). Ce taux est pratiquement inchangé depuis 10 ans et bien supérieur à la Grande-Bretagne (17%) ou l'Allemagne (10%), à consommation d'alcool quasi égale.
Pour Pierre Chasseray, directeur général de l'association 40 millions d'automobilistes, il faut conserver ce seuil de 0,5 g/l, qui est "une tolérance". Si celle-ci venait à disparaître, il craint que les automobilistes se disent: "Vu que j'ai bu un verre et que je suis positif, autant y aller."
M. Chasseray prône le renforcement des "contrôles ciblés", notamment aux abords des discothèques, et davantage de formation lors du permis de conduire, par exemple sur l'utilisation des éthylotests.
Depuis le 1er juillet, la présence d'un éthylotest dans tout véhicule terrestre à moteur circulant en France, à l'exception des cyclomoteurs (moins de 50 cm3 et 45 km/h maximum) est obligatoire. Mais, à cause des difficultés d'approvisionnement, la verbalisation en cas d'absence (11 euros) a été reportée au 1er mars 2013.
En sommeil depuis 2008 et relancé par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, le CNSR est un lieu de débats et une instance de conseil pour le gouvernement. Cet organisme, créé en 2001, est composé d'élus, d'associations, d'entreprises et d'administrations.
Par ailleurs, M. Péchenard a annoncé dimanche l'installation de 200 nouveaux radars en 2013, ce qui portera le total à 4.200 radars (fixes, feux rouges, mobiles). "Il faut que les automobilistes français roulent moins vite, ce qu'ils ont fait au cours des dix dernières années: la vitesse moyenne a baissé de 10 km/h depuis 2002. Mais ces résultats sont fragiles", a-t-il souligné.
L'assouplissement du permis à points "a été une mauvaise décision" du précédent gouvernement, a-t-il estimé. S'appuyant sur des sondages, M. Péchenard affirme que les Français déclarent aujourd'hui conduire un peu plus vite qu'avant, ce qui est "une des inquiétudes pour 2013".
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