Fukushima : des conséquences sous-évaluées ?
La Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad) met en doute les évaluations faites par la France concernant l'impact de l'accident nucléaire japonais du 11 mars 2011 sur notre territoire.
Selon l'organisme indépendant, le nuage radioactif est passé deux jours plus tôt que ce qui a été officiellement annoncé. Une enquête est réclamée. Pour tenter de nous désenfumer, nous avons posé trois questions à Renan Desbordes, président de la Criirad.
- Que reproche la Criirad à l'expertise officielle de l'Institut de Radioprotection et Sûreté du Nucléaire (IRSN) ?
Renan Desbordes : "Dans le cadre de nos études sur la radioactivité, nous avons tenté d'avoir de plus amples informations sur le passage du nuage au-dessus de la France. Nous avons donc fait des recherches et sommes tombés sur des informations contradictoires sur le sujet.
"Les sites de divers exploitants du nucléaire, nous annoncent le passage du nuage dès le 22 mars 2011, à divers endroits en France.
"Or, l'IRSN a communiqué en disant qu'une masse d'air faiblement contaminé n'était arrivée que le 24 mars 2011, et uniquement au-dessus du Puy-de-Dôme. Ce communiqué était basé sur des mesures effectuées par une station installée au sommet du Puy-de-Dôme. Cette date correspond jour pour jour avec les prédictions de l'IRSN concernant le passage du nuage au-dessus de la France... C'est intriguant ! D'autre part, les premières mesures annoncées par l'IRSN ont été clairement sous-évaluées... Pour certaines jusqu'à vingt fois moins élevées qu'en réalité !"
- La Criirad a-t-elle effectué ses propres mesures ?
Renan Desbordes : "Tout à fait. En tant que seul organisme indépendant sur la radioactivité, nous avons effectué des mesures, dans le sud-est de la vallée du Rhône. Nous sommes équipés de balises de surveillance de la radioactivité de l'air. Nous avons donc trouvé des traces du nuage dans divers endroits de la vallée du Rhône... Le 22 mars 2011, les masses d'air contaminé, même faiblement contaminé, ont affecté les trois quarts de la France, et non pas le seul sommet du Puy-de-Dôme !"
- Ces nouveaux éléments changent-ils l'impact réel qu'a eu le passage du nuage sur la santé des Français ?
Renan Desbordes : "Non, cela ne remet pas en question l'évaluation faite du très faible impact des rejets de Fukushima Daiichi sur la France. Néanmoins, je trouve cela très préoccupant... Les Français avaient le droit de connaître en temps réel la progression du nuage radioactif. Même si le taux de radioactivité était très faible, connaître ces informations auraient permis aux habitants des zones rurales d'éviter de consommer des épinards, ou du lait durant cette période. Si l'accident de Fukushima avait eu lieu plus près de nos frontières, les conséquences de tels manquements auraient été dramatiques. C'est pour cela que nous réclamons qu'une enquête soit menée par le gouvernement de François Fillon."
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