Imagerie médicale : la scintigraphie en danger ?
C'est un dossier sensible qui se retrouve sur le bureau de Manuel Valls et sur lequel le Premier ministre va devoir rapidement se pencher. Le réacteur nucléaire Osiris doit fermer ses portes au plus tard en 2015. Il produit du technétium, un élément de base utilisé en imagerie médicale, et notamment pour les scintigraphies.
La scintigraphie est une technique d'imagerie utilisée pour l'examen de différents organes comme la thyroïde, le cœur, les poumons ou les os. En février 2014, l'Académie de médecine avait déjà alerté sur le risque de pénurie de ce technétium qui pourrait drastiquement limiter le nombre de scintigraphies : des conséquences graves pour des dizaines de milliers de patients.
En France, chaque année, c'est plus d'un million d'examens qui sont pratiqués avec ce produit. Le technétium est l'élément radioactif le plus utilisé en médecin nucléaire. Mais depuis quelques mois, une pénurie de technétium est attendue. "Le technétium est fabriqué dans le monde par neuf producteurs. Et, sur ces neufs producteurs, trois devraient cesser leur production entre 2016 et 2018", explique le Dr André Aurengo, chef du service de médecine nucléaire à l'hôpital La Pitié-Salpétrière à Paris.
Une pénurie à venir
Réacteurs trop vieux, réacteurs en maintenance, nouvelles centrales en construction : le monde de la médecine nucléaire s'attend à vivre deux années tendues. Or, ces examens de détection de tumeurs osseuses ou rénales sont impossibles à réaliser sans technétium. Et plus généralement, la pénurie risque de tout compliquer. "On pourrait proposer d'autres examens : des radiographies ou des IRM. Mais ces examens avec du technétium 99M sont faciles à réaliser sur l'enfant et peuvent éviter par exemple des anesthésies générales", propose le Dr Jean-Louis Alberini, chef de service de médecine nucléaire à l'Institut Curie, à Saint-Cloud (en région parisienne).
Dans certains cas, les scintigraphies pourraient être pratiquées avec d'autres produits radioactifs et un autre équipement appelé TEP. Actuellement, 120 machines existent en France. Un nombre insuffisant pour les dizaines de milliers d'examens à effectuer en plus chaque année.
Pour la France, la solution serait de reculer la fermeture pour maintenance prévue en 2015 du réacteur Osiris située dans l'Essonne. Il couvre actuellement 5% à 10% de la production mondiale de technétium 99. Sécurité nucléaire ou santé publique ? La décision est maintenant entre les mains des pouvoirs publics et de l'autorité de sûreté nucléaire.
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