Comment la médecine nucléaire a bouleversé l'imagerie médicale
Nucléaire, radioactif... Des noms qui font peur mais qui en médecine, ont permis d'éclairer les médecins sur le fonctionnement du corps humain. Zoom sur la médecine nucléaire.
La médecine nucléaire est une spécialité dont on parle souvent pour des traitements mais aussi comme technique d'imagerie médicale. Elle apporte aux médecins une vision fonctionnelle, et est ainsi complémentaire des autres techniques d'imagerie comme le scanner, l'IRM ou les radiographies qui offrent des images anatomiques des organes.
L'origine de la médecine nucléaire, c'est avant tout l'histoire d'une découverte majeure : celle de la traçabilité de la radioactivité. George de Hevesy en est à l'origine. En 1913, ce chimiste hongrois étudie le radium D, l'élément radioactif majeur de l'époque. Son travail consiste à séparer le radium du plomb qui le compose par des méthodes chimiques, en vain. "Il va inventer l'idée du principe traceur, c'est-à-dire que si on a une petite trace de radioactivité présente en permanence, alors on va pouvoir la suivre et savoir où elle va", explique le Pr Michel Bourguignon, spécialiste en radioprotection médicale.
L'histoire de la médecine nucléaire
L'idée d'utiliser la radioactivité pour explorer un organisme vivant va alors faire son chemin. Doucement car ce n'est que vingt ans plus tard, en 1934, qu'une nouvelle découverte va tout bouleverser. Le couple de chimiste-physicien français, Frédéric Joliot et Irène Curie, fille de Marie Curie, découvre à Paris la radioactivité artificielle : "On va alors pouvoir fabriquer des éléments radioactifs de tous les composants de la chimie. Et donc on va pouvoir commencer à fabriquer des marqueurs extrêmement utiles en médecine", raconte le Pr Bourguignon.
Cette découverte vaudra d'ailleurs au couple Joliot-Curie le prix Nobel de chimie. Car les chercheurs peuvent désormais créer de la radioactivité sur demande pour explorer le corps humain. Le nucléaire va notamment devenir une technique d'imagerie médicale singulière.
L'iode 131 devient très vite un des éléments radioactifs majeurs, surtout à partir des années 50 avec l'émergence d'une technique pour capter les rayonnements radioactifs dits gamma et les convertir en images. C'est la scintigraphie. En 1951, le tout premier scintigraphe est ainsi utilisé sur un patient après absorption d'iode 131.
Les apports de la médecine nucléaire
Les médecins obtiennent alors la première image de la thyroïde, approximative mais qui est le point de départ d'une nouvelle étape dans l'évolution de la médecine nucléaire, l'émergence des gamma-caméras. Toujours plus précises pour capter le rayonnement radioactif et capables d'afficher des images fonctionnelles des principaux organes en deux puis trois dimensions. Performantes, ce type de caméras est toujours utilisé aujourd'hui, tout comme la tomographie par émission de positons (TEP) apparue dans les années 80. Cette technique d'imagerie consiste à administrer par voie intraveineuse au patient un produit radioactif et de l'installer dans un tube qui fournit au médecin une image très précise de l'activité cellulaire de la zone observée.
De par la précision de ces techniques d'imagerie médicale, la médecine nucléaire s'est imposée en moins d'un siècle comme une spécialité incontournable pour le diagnostic, surtout en oncologie et neurologie. Elle est de la même manière un moyen thérapeutique efficace pour lutter contre certains cancers.