Médecine de proximité : quel avenir ?
Un manque de médecins généralistes selon les régions, des appareils d'imagerie médicale mal répartis sur le territoire, des inégalités dans les traitements hospitaliers du cancer… Aux débuts de la télémédecine, quelle sera la part de proximité dans la médecine de demain ?
Une situation critique
Le Conseil de l'Ordre des médecins a publié son atlas de la démographie médicale en France. En raison de pénurie, certaines zones sont aujourd'hui des déserts médicaux et peinent à recruter de nouveaux praticiens.
IRM, scanner : des inégalités régionales
La Cour des comptes s'attaque au secteur de la santé et ce sont les dentistes et les radiologues qui se retrouvent dans le collimateur…
L'institution financière a publié le 8 septembre 2010 son rapport annuel sur la Sécurité sociale. Parmi les secteurs épinglés, on retrouve celui de l'imagerie médicale. Selon la Cour des comptes, les appareils d'IRM et les scanners sont mal répartis sur le territoire et les tarifs pratiqués très inégaux.
Le problème de l'imagerie médicale n'est qu'une des nombreuses questions abordées dans le rapport annuel de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale. Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce document en vous rendant sur le site de la Cour des comptes ou téléchargez le rapport 2010 sur la Sécurité sociale : ICI
Cancer : où se faire soigner ?
Vous connaissez le palmarès des meilleurs hôpitaux, celui des hôpitaux les plus sûrs… Voici maintenant un classement des établissements qui traitent le mieux le cancer. Le magazine L'Express a publié le 22 septembre 2010 la première édition.
Pour établir ce classement, l'hebdomadaire a passé au crible des milliers de dossiers médicaux. Au final, cela donne un palmarès des établissements, ville par ville, pour quatorze cancers différents.
Vers la télémédecine
Diagnostiquer une pathologie sans même toucher le patient… ça n'est pas du charlatanisme, mais bien la médecine du futur : expérience de télémédecine entre deux hôpitaux parisiens.
Depuis quelques mois les personnes âgées séjournant à l'hôpital gériatrique Vaugirard et qui ont du mal à se déplacer peuvent malgré tout consulter un spécialiste de l'hôpital européen Georges Pompidou, à 3 kilomètres de là, grâce à un système vidéo à la pointe de la technologie.
Cette expérience de télémédecine est une première en France. Testée pendant un an, elle est aujourd'hui pérennisée et elle a reçu le Grand prix de la Fondation du Grand Age.
Entretien avec Elisabeth Hubert
Elisabeth Hubert, médecin, a été ministre de la santé du gouvernement Juppé avant de faire carrière dans l'industrie pharmaceutique. Aujourd'hui elle est présidente de la Fédération Nationale des Établissements d'Hospitalisation à Domicile (FNEHAD) et est chargée de mission sur la médecine de proximité. Depuis plusieurs mois maintenant, elle sillonne la France à la rencontre des professionnels de la santé et en novembre 2010, elle rendra son rapport au Président.
- Quel premier constat dressez-vous ?
"On manque déjà de médecins généralistes et la majorité sont âgés. Si on ne fait rien aujourd'hui, la situation sera totalement inextricable en 2018, lorsque la moitié des praticiens généralistes auront pris leur retraite. Le problème pourrait même se poser beaucoup plus tôt au vu du nombre de médecins qui dévissent leur plaque avant l'âge légal de la retraite."
- Dans quel état d'esprit sont les médecins que vous avez rencontré ?
"L'état d'esprit des médecins libéraux est mauvais. Ils expriment une grande lassitude de la paperasse, des tracasseries administratives, des certificats en tout genre qu'on leur demande. Je m'y attendais, mais pas à ce point. Ils se montrent désabusés, incompris des pouvoirs publics et de l'hôpital et éprouvent un sentiment de mépris, leur exclusion de la vaccination contre la grippe A ayant été la goutte d'eau qui fait déborder le vase."
- Les médecins généralistes souhaitent partir plus tôt à la retraite alors qu'il y a déjà un manque important de médecins dans certaines provinces. Quelles sont vos pistes pour enrayer cette désertification des médecins généralistes ?
"Un usage accru des systèmes d'information, pour que les médecins communiquent mieux entre eux. Pas forcément des projets très compliqués : par exemple une messagerie sécurisée, qui permet à l'hôpital d'envoyer le jour même un compte rendu d'hospitalisation au médecin traitant. La loi Bachelot permet aussi à un manipulateur de radiologie de prendre un cliché qui sera interprété à distance par un médecin. Cela peut aider à résoudre la question des déserts médicaux, à condition de disposer d'une liaison haut débit."
- Vous voulez proposer aux étudiants médecins de pratiquer leur stage ailleurs qu'au CHU ?
"Autre piste : revoir la formation initiale des médecins. Comment avoir envie de faire de la médecine générale si on n'approche jamais la médecine générale avant de choisir sa spécialité ? Il faut sortir du tout-CHU alors que 90 % des médecins exerceront hors CHU. Il faut aussi que les futurs médecins aient l'occasion de voir comment travaillent les kinésithérapeutes, les infirmiers… si l'on veut qu'ils collaborent ensuite."
En savoir plus
Articles et dossiers :
Blog-notes vidéo :
- Vaut-il mieux tomber malade de jour que de nuit ?, du 7 septembre 2010