Glande thyroïde : le gendarme de la régulation corporelle
La thyroïde, une glande située à la base de notre cou, régit, entre autres, notre humeur, notre poids et notre vie sexuelle. D'où les nombreux symptômes surviennent lorsqu'elle se dérègle. Ce qui est souvent le cas : les affections de la thyroïde toucheraient 15% de la population.
Les dérèglements de la thyroïde peuvent survenir à tout âge et entraîner de nombreux troubles. Mais comme ils ne sont pas spécifiques, on ne pense pas forcément tout de suite à la thyroïde.
La thyroïde est une glande située à la base du cou sous la pomme d'Adam. Elle pèse environ 30 grammes. Elle a la forme d'un papillon avec deux lobes. Son rôle est extrêmement important. Elle a un impact sur notre humeur, notre poids et même sur notre vie sexuelle. Comment ? En fabriquant des hormones T3 et T4 qui vont réguler la vitesse de fonctionnement de tous nos organes.
Cette glande est formée de groupe de cellules qu'on appelle des vésicules. Ces vésicules sont traversées par des vaisseaux sanguins dans lesquels le sang transporte de l'iode. C'est le principal ingrédient pour fabriquer les hormones thyroïdiennes, appelées T4 et T3. Ces cellules vont absorber l'iode et le transformer en hormones. Ces hormones vont être emmagasinées dans les vésicules, puis libérées dans la circulation sanguine dès que l'organisme en a besoin. Mais pour que nos organes puissent avoir un bon rythme de fonctionnement il faut la bonne dose d'hormones thyroïdiennes.
Cette dose est gérée par le cerveau et plus exactement par le chef d'orchestre des glandes de l'organisme, l'hypophyse, elle-même contrôlée par l'hypothalamus, chef d'orchestre des glandes de l'organisme. Quand il n'y a pas assez d'hormones thyroïdiennes, l'hypophyse envoie un message à la thyroïde pour qu'elle fabrique plus d'hormones, par le biais d'une hormone, la TSH. Quand il y en a trop, l'hypophyse freine la production de la thyroïde. Mais parfois ce système de régulation fonctionne mal.
Hypothyroïdie ou hyperthyroïdie ?
Les problèmes thyroïdiens peuvent être liés à une atteinte soit de la glande thyroïde soit des glandes qui la commande et qui sont situées dans le cerveau, l'hypothalamus ou l'hypophyse.
Quand elle est liée à un problème initial de thyroïde, l'hypothyroïdie, par atteinte initiale de la thyroïde, est caractérisée par une TSH élevée et des hormones thyroïdiennes basses. Le corps fonctionne au ralenti, on est frileux, constipé, angoissé on réfléchit moins vite et on prend souvent du poids. L'hyperthyroïdie se diagnostique elle sur une TSH basse et une T4 et/ou T3 élevée. Et quand la thyroïde s'emballe, c'est l'hyperthyroïdie. Le corps est en hyper fonctionnement, le cœur bat plus vite, la respiration s'accélère, on perd du poids alors que l'on mange plus. a digestion est trop rapide, on a la diarrhée, on tremble et on a des troubles de l'humeur, avec une grande nervosité. Les troubles de l'humeur peuvent donc être dus à un problème de thyroïde. Il y a souvent une sensation de chaleur et une grande fatigue
Dans les deux cas, si l'anomalie hormonale n'est pas corrigée, il peut y avoir des symptômes cardiaques. Avec une hyperthyroïdie, il s'agit de tachycardie et de palpitations le plus souvent, d'élévation de la tension ou de "fibrillation auriculaire parfois" (le rythme cardiaque devient anarchique) ; il peut y avoir une complication à type d'insuffisance cardiaque L'hypothyroïdie provoque un rythme cardiaque trop lent, c'est une bradycardie, ou une tension artérielle trop basse.
Des symptômes oculaires peuvent s'observer aussi bien dans l'hyper et dans l'hypothyroïdie, avec une sécheresse oculaire qui survient isolément ou dans le cadre d'un syndrome sec (maladie de Sjögren).
Hyperthyroïdie et maladie de Basedow, quand le papillon bat de l'aile
Par la palpation, le médecin va rechercher la présence d'un goitre ou de nodules. Un examen clinique complet, une prise de sang et des examens complémentaires (voir ci-dessous) permet de repérer s'il s'agit d'une hyper ou d'une hypothyroïdie. Autrement dit si la thyroïde produit trop ou pas assez d'hormones. Cette indication est indispensable avant de penser au traitement.
La maladie de Basedow, une hyperthyroïdie
La maladie de Basedow est la cause la plus fréquente d'hyperthyroïdie. Il s'agit d'une maladie auto-immune, le corps produit des anticorps qui vont attaquer la thyroïde et stimuler son fonctionnement. En plus des symptômes classiques de l'hyperthyroïdie, il y a souvent un goître et une atteinte des yeux : les globes oculaires semblent sortir de l'orbite, ce que l'on appelle une exophtalmie, un larmoiement, des picotements et une photophobie (la lumière fait mal aux yeux). Malgré le traitement (médicaments, chirurgie ou iode), une récidive est possible.
Comment dépister un dérèglement thyroïdien ?
Pour étudier la thyroïde, plusieurs examens sont réalisables. Le premier consiste à regarder et palper tout simplement la base du cou. En touchant la thyroïde, on peut en effet mesurer approximativement la taille de la glande, estimer sa consistance, sentir la présence d'une boule anormale (nodule thyroïdien). Une augmentation globale de la thyroïde fait apparaître un goitre, visible à l'œil nu.
Dans le but d'analyser la production d'hormones, une prise de sang est indispensable. Elle peut être complétée par un test qui stimule la glande, par l'intermédiaire d'une hormone. On évalue ainsi si elle répond correctement ou non à la stimulation. La TSH et la T4 sont habituellement demandés en première intention, la T3 si la T4 est normale. Des anticorps (anti-TRAK dans la maladie de Basedow) peuvent être mesurés pour évaluer la composante auto-immune
L'échographie, elle, permet de mieux voir les nodules et de mesurer précisément leur taille. Un nodule supérieur à 3 ou 4 cm, à contour irrégulier et dur à la palpation, est plutôt suspect. Idem s'il est très vascularisé, "hypoéchogène" et accompagné de microcalcifications et de ganglions.
Une ponction de la thyroïde peut alors être réalisée, consistant à prélever une minuscule quantité de cellules, afin de voir si celles-ci sont cancéreuses ou pas. Si les résultats de la ponction sont évocateurs d'une malignité, une chirurgie s'impose et s'ils sont en faveur du caractère bénin, une simple surveillance est suffisante (sauf si le nodule comprime des structures et justifie une intervention). Si les résultats sont douteux, en fonction des autres examens, on propose une nouvelle ponction 6 mois plus tard ou une opération pour confirmer le résultat.
Enfin, la scintigraphie (intéressante en cas d'anomalie de la TSH) utilise de l'iode radioactif et analyse plus précisément le nodule. Si le produit fixe l'iode, il est dit fixant et c'est plutôt en faveur du caractère bénin.
Tous ces examens peuvent être réalisés en un jour, dans certains services.
Traitements médicamenteux, chirurgie de la thyroïde ou iode radioactif ?
Pour traiter les problèmes d'hyperthyroïdie, on utilise des médicaments qui diminuent la production excessive d'hormones thyroïdiennes, appelés anti-thyroïdiens de synthèse. Les premiers effets sont observés au bout de 10 à 15 jours. Les béta-bloquants peuvent être utilisés contre les manifestations cardiaques comme la tachycardie Mais il est également possible d'utiliser un traitement par iode radioactif introduit dans l'organisme. Celui-ci étant alors capté par les cellules de la glande et la radioactivité les détruit. La technique est efficace et non invasive, avec un délai d'action et elle créé un hypothyroïdie définitive, qu'il faudra compenser.
L'hypothyroïdie, elle, peut être compensée par un médicament qui contient des hormones naturelles, similaires à celles que produit l'organisme. Ce traitement est adapté en fonction de l'intensité des signes. Si ceux-ci réapparaissent, la dose prescrite n'est pas suffisante. Si au contraire, il y a des signes de quantité excessive d'hormones, le traitement est trop fort. Le problème de ce traitement est qu'il doit souvent être poursuivi toute la vie.
Cancer de la thyroïde
Pour un cancer, une suspicion de cancer ou une hyperthyroïdie qu'on a du mal à contrôler avec les médicaments, l'opération est parfois indispensable. Chaque année, près de 50 000 cas nécessitent de pratiquer une thyroïdectomie, une ablation de la thyroïde, qu'elle soit totale ou partielle.
Une chirurgie considérée comme relativement simple et ne laissant le plus souvent aucune cicatrice.
Le risque principal étant de léser le nerfs récurrents (1 à 3% de risque), jouant un rôle dans la parole, il est indispensable de se faire opérer par un chirurgien entraîné à cette chirurgie. créé un hypothyroïdie définitive, qu'il faudra compenser par la prise à vie d'un traitement apportant les hormones thyroïdiennes. Plusieurs mois sont parfois nécessaires avant de trouver le bon dosage et un équilibre hormonal.
Parfois, un traitement par iode
radioactif est également initié dans les suites de la chirurgie, pour diminuer le risque de récidive. Auparavant
fait même pour les cancer à faible risque, une étude a démontré en 2022 qu'elle
n'était pas plus
efficace qu'une simple surveillance pour
ces cancers.
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