Incendies : les hôpitaux ne sont pas aux normes
Même si le patrimoine immobilier des centres hospitaliers universitaires a connu une forte modernisation, certains établissements ne respectent pas les normes de sécurité. 16% des bâtiments des CHU ont reçu un avis défavorable d'exploitation par la commission de sécurité incendie et ne devraient pas être autorisés à recevoir de public. C'est ce qu'un rapport de la Cour des comptes révèle en analysant la situation des 30 CHU qui représentent plus de 20% de l'activité hospitalière française.
A l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, comme tous les soirs, au poste de commandement incendie, douze pompiers se relaient. Parmi eux, six vont assurer la garde de nuit. En binôme, les agents de sécurité incendie effectuent la première des cinq rondes de nuit des sous-sols au toit de l'hôpital. Ils vérifient également que les 1.200 extincteurs ne sont pas dégoupillés, que les portes coupe-feu et les issues de secours sont dégagées. Ils testent aussi le bon fonctionnement des alarmes incendies. Cet hôpital vétuste, dont le bâtiment le plus ancien date de la fin du 18ème siècle, a dû se moderniser et s'adapter aux normes de sécurité incendie de plus en plus exigeantes au fil des années.
Sécurité incendie : un investissement coûteux
Malgré leur vigilance et des investissements immobiliers qui coûtent 1,3 milliard d'euros par an, les 30 centres hospitaliers universitaires français ne respectent pas de nombreuses normes. Un récent rapport de la Cour des comptes révèle que 16% des bâtiments hospitaliers ont reçu un avis défavorable à la poursuite de l'exploitation, soit 213 bâtiments visés par la Commission sécurité incendie. Ce sont les immeubles de grande hauteur de la Timone (à Marseille), de l'Hôtel Dieu (CHU de Nantes), de Bichat et de Beaujon (à Paris) qui sont les plus ciblés. Sur le patrimoine hospitalier de l'AP-HP, 37 bâtiments ont reçu un avis défavorable.
"Si nous devions mettre en conformité tous les bâtiments de l'AP-HP, il nous faudrait pas loin de 800 millions d'euros", selon le Dr El Hadi Benmansour, directeur maîtrise d'ouvrage et politiques techniques.
Des alternatives sont envisagées
En théorie, les hôpitaux concernés ne devraient plus accueillir de public. Mais, étant donné le rôle essentiel de ces établissements, aucune mesure de fermeture administrative ne peu être prise. Ces derniers doivent tout de même s'engager auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS) à mettre en place des mesures compensatoires, telles que :
- embaucher du personnel de sécurité incendie supplémentaire ;
- lancer des travaux de mise en conformité.
Dans certains cas, les pouvoirs publics estiment qu'une remise aux normes des bâtiments serait trop lourde ou trop coûteuse. Ils privilégient alors une reconstruction complète de l'hôpital. C'est la solution envisagée pour les hôpitaux parisiens Bichat et Beaujon. Un nouvel établissement, baptisé hôpital Nord, les remplacera dans les prochaines années.