Les thermomètres à mercure bannis à l'échelle mondiale en 2020
Les représentants de 140 pays ont signé jeudi à Kumamoto (Japon) une convention sur l'usage et les émissions de mercure, baptisée "Convention Minamata". Cette convention autorise l'utilisation du mercure dans les thermomètres jusqu'en 2020, avec des dérogations ponctuelles pouvant repousser ce délai à 2030. Depuis 2007, en Europe, thermomètres et différents appareils de mesure ne peuvent déjà plus incorporer ce métal.
Le texte, élaboré et adopté par l'OMS en janvier 2013 à Genève, vise à réduire au niveau mondial les émissions de mercure, très toxiques pour la santé et l'environnement, mais aussi la production et les utilisations du mercure, en particulier lors de la fabrication de produits et lors de processus industriels. La "Convention Minamata" donne également aux états un délai de 15 ans pour arrêter l'usage du mercure dans des activités minières. Le texte est désormais ouvert à la ratification des états signataires.
Une fois ratifié par 50 états, le traité entrera en vigueur, d'ici trois ou quatre ans selon les organisateurs de la conférence. "Il faut que de nombreux pays en voie de développement ratifient ce traité pour qu'il entre en vigueur le plus tôt possible", a déclaré le ministre japonais de l'Environnement, Nobuteru Ishihara.
Pour des soins sans mercure d'ici 2020
A l'occasion de la signature du traité, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé une campagne intitulée "pour des soins sans mercure d'ici 2020". Evoquant la possibilité de dérogations prévues dans la Convention, les représentants de l'OMS ont tenu à rappeler que "[les conséquences du mercure sur la santé] sont si graves que tous devraient s'efforcer de respecter la date cible de 2020 fixée dans la convention".
Le mercure est en effet très toxique pour les êtres vivants. Une exposition trop forte au mercure nuit au système immunitaire et peut entraîner d'autres problèmes comme des troubles psychologiques ou digestifs, la perte de dents, des problèmes cardiovasculaires ou respiratoires.
Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), sur les 100 dernières années, les quantités de mercure présentes dans les 100 premiers mètres de profondeur des océans, et provenant d'émissions liées à l'activité humaine, ont doublé. Les concentrations dans les eaux profondes ont, elles, augmenté de 25%.
Le drame de Minamata
Le nom et le lieu de signature de la Convention n’ont pas été choisis au hasard. Kumamoto est situé à proximité de Minamata, ville japonaise dont les habitants ont subi pendant plusieurs décennies les ravages du mercure. L’entreprise Chisso a rejeté du mercure directement dans la mer de 1932 à 1968, les premières alertes avaient été lancées au milieu des années 1950.
"C'est précisément parce que le Japon a souffert du mercure et qu'il surmonté cette épreuve, qu'il a aujourd'hui le devoir d'être à la tête des efforts internationaux pour éliminer" cette menace, a-t-il déclaré.
Un commentaire qui a immédiatement provoqué la colère de plus d'un habitant de Minamata, où beaucoup souffrent encore aujourd'hui des ravages du mercure des dizaines d'années plus tard.
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