Otages libérés : les conséquences psychologiques de la captivité
Les coups, la faim, le froid et l'obscurité... Après l'émotion des retrouvailles, les quatre otages libérés le 19 avril 2014, commencent à livrer le récit de leur captivité. Au total, les journalistes ont passé dix mois enfermés en Syrie. Cet emprisonnement, hors du temps et des règles de la société, laissent forcément des traces. Les explications du Pr Louis Crocq, psychiatre des armées et créateur des cellules d'urgence médico-psychologique.
Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès, les quatre journalistes français ex-otages en Syrie, ont retrouvé leurs familles et la France le 20 avril 2014, après dix mois d'une éprouvante captivité aux mains d'un groupe jihadiste, enfermés dans des sous-sols et dans des conditions "parfois violentes".
"Il n'ont pas vécu une simple prise d'otages. Elle a été assortie de mauvais traitements, de menaces en plus de la privation de liberté et de l'isolement", explique le Pr Louis Crocq, psychiatre des armées. "Heureusement, ils n'ont pas été séparés les uns des autres, ou cagoulés, comme cela s'est vu dans d'autres prises d'otages. D'autre part, l'isolement du monde extérieur n'a pas été total. Ils pouvaient voir que le monde extérieur s'occupait d'eux".
Comment peut-on se remettre d'un tel traumatisme ? "Quand les otages se rendent compte de leur libération, c'est l'euphorie. L'euphorie a tendance à masquer les mauvais traitements et les mauvais souvenirs qui réaparaissent plus tard. La thérapeutique va consister à mettre des mots là où il n'y en a pas eu. Car ce qui fait le traumatisme, c'est que la proximité de la mort a été vécue par les sens, mais pas assimilée par la parole", poursuit-il.
Le traumatisme persiste et le syndrome de stress post-traumatique peut survenir bien des mois plus tard, il est comme une bombe à retardement. Au début, la personne semble faire face, et puis, sans cause apparente, les troubles vont apparaître : cauchemars, images violentes, la victime est emprisonnée dans des souvenirs qui lui font sans cesse revivre le traumatisme. Un accompagnement psychologique est souvent incontournable pour apprivoiser ce vécu douloureux et apprendre à revivre normalement.
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Ailleurs sur le web :
- Slate.fr
- "Soigner les plaies à l'âme des reporters de guerre", Lucile Quillet, 21 avril 2014.