Sur le banc de touche pour excès de lampe à bronzer ? Mon œil !
● FAUX – Selon le journal sportif italien Tuttosport, le défenseur français du Milan AC, Philippe Mexès, se serait vu imposer le repos à la suite d'un décollement de la rétine consécutif... à une exposition répétée aux rayons UV en cabine de bronzage. Une affirmation qui laisse sceptiques les ophtalmologues contactés par Allodocteurs.fr.
Selon une déclaration officielle de son club, datée du 24 novembre 2011, Philippe Mexès a été mis au repos pour une durée de sept jours, du fait de troubles ophtalmologiques. Le footballeur français souffrirait d'une forme particulière de ChorioRétinopathie Séreuse Centrale, ou CRSC (1).
En termes moins techniques, il s'agit de l'infiltration de liquide sous la partie de la rétine sensible à la lumière, qui va progressivement la soulever, la déformer, et engendrer des troubles de la vision. Cette infiltration est due au fait que la couche la plus profonde de la rétine (l'épithelium), perd localement son imperméabilité.
Selon le site du Syndicat National des Ophtalmologistes de France (SNOF), les études ont mis en évidence l'importance d'un taux élevé de cortisone chez les patients présentant cette pathologie (traitement, grossesse, syndrome de Cushing)... Mais dans le cas de Philippe Mexès, à en croire un article du journal sportif Tuttosport daté du 27 novembre, la lésion de son épithélium pigmentaire aurait été associée à une surexposition aux rayonnements ultraviolets en cabine de bronzage.
Une affirmation qui laisse très sceptiques les ophtalmologistes contactés par Allodocteurs.fr pour discuter de la pathologie mentionnée par le club sportif transalpin.
"Excepté le problème de dosage de cortisone que vous évoquiez, on ne sait pas du tout ce qui peut être à l'origine de ce type de poussée", commente le docteur Virginie Martinet, "Certaines recherches évoquent le fait [qu'une CRSC] apparaisse plus volontiers chez les personnes ayant un tempérament stressé... Mais à ma connaissance, on n'a jamais décrit ce genre de chose dans la littérature médicale."
Pour le Dr Catherine Albou-Ganem, les rayonnements ultraviolets ne peuvent pas non plus "a priori, être à l'origine d'une CRSC".
Le défenseur du Milan AC est-il un cas d'espèce médical ? D'autres formes de décollement de la rétine - qui ne trouvent pas leur origine dans l'infiltration de liquide via l'épithélium - pouvant éventuellement être favorisées par l'exposition longue à des éclairages intenses, il semble plus vraisemblable que le journal sportif transalpin ait tiré trop rapidement ses conclusions.
Concédons que le splendide bronzage arboré par Mexès tout au long d'un pluvieux automne pouvait, "à première vue", constituer une piste de choix dans l'enquête sur cette pathologie mystérieuse !
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(1) En temps normal, une CRSC évolue par poussée. Lorsque cette pathologie devient chronique, on parle d'épithéliopathie rétinienne diffuse, expression employée par la dépêche du Milan AC pour décrire le cas de Philippe Mexès.
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