Vers la création d'une agence africaine du médicament ?
Plus de 6 millions d'Africains étaient sous traitement anti-VIH à la fin 2011. L'accès à ces traitements a permis de fléchir sensiblement la courbe des décès. Mais ce succès reste menacé par une forte dépendance de l'Afrique en termes de médicaments. Pour contrer cette situation, le directeur exécutif d'Onusida, Michel Sidibé, proposerait la mise en place d'une agence africaine du médicament.
Le nombre d'Africains sous traitement antirétroviral (ARV) a augmenté de 1,1 million de personnes en 2011 pour atteindre le chiffre record de 6,2 millions, soit 56 % de l'ensemble des Africains nécessitant un tel traitement.
"Personne n'imaginait il y a dix ans qu'on atteindrait un tel résultat", explique M. Sidibé dans un entretien à l'AFP lors d'un passage à Paris avant la Conférence internationale sur le sida, AIDS 2012, qui se tiendra à Washington, du 22 au 27 juillet 2012.
C'est aussi le coût du traitement qui s'est effondré, souligne le responsable d'Onusida, passant de 15 000 dollars (12 000 euros) par personne/an à la fin des années 1990, à 80 dollars (64 euros) par personne/an actuellement pour le traitement de première ligne.
Un plus grand accès à ces traitements a permis de réduire les décès en Afrique, le continent le plus touché par l'épidémie de sida avec une mortalité annuelle passée de 1,8 million de décès en 1996 à 1,2 million en 2011.
Mais M. Sidibé regrette que cette performance soit menacée par une "triple dépendance", financière, médicamenteuse et en matière de recherche. "Si l'on excepte l'Afrique du Sud, 80 % des malades africains sont sous traitement grâce à des ressources provenant de l'extérieur de l'Afrique. Ce n'est pas pérennisable, c'est même dangereux", a-t-il ajouté, rappelant que les financements internationaux avaient baissé de 13 % entre 2009 et 2010.
Une agence africaine du médicament ?
La contribution des pays est d'ores et déjà passée à plus de 50 % des fonds attribués à la lutte contre le sida, un mouvement qui s'accélère, avec des pays comme la Chine et l'Inde finançant dès à présent leurs programmes respectivement à 100 % et 95 %.
Mais certains pays dépendent à 100 % des financements internationaux, selon M. Sidibé. Il faut selon lui inviter les pays africains à "générer davantage de ressources nationales" pour éviter de dépendre des grands bailleurs de fonds.
Enfin, pour contrer la dépendance de l'Afrique en terme de médicaments, avec "80 % des traitements qui viennent de l'Inde", M. Sidibé a indiqué qu'il proposerait la mise en place d'une agence africaine du médicament lors du 19e Sommet de l'Union africaine qui se tiendra du 9 au 16 juillet 2012, à Addis Abeba.
Cette agence aurait pour tâche de contrôler la qualité des médicaments dans un continent où 30 % des médicaments vendus sont contrefaits et créer des capacités de fabrication sur place.
Pour faciliter le dépistage, il a également souhaité une généralisation rapide du nouveau test salivaire dont la vente libre, sans aucune supervision médicale, vient d'être autorisée par l'Agence américaine des médicaments (FDA).
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