Vincent Lambert : le rapport définitif remis au Conseil d'Etat
Le rapport définitif des médecins chargés par le Conseil d'Etat de rendre une expertise sur le cas de Vincent Lambert confirme son incurabilité mais nuance l'arrêt des soins, a-t-on appris mardi 27 juin 2014 de source proche du dossier.
Le rapport remis par les trois experts médicaux missionnés par la plus haute juridiction administrative confirme les conclusions contenues dans le pré-rapport, notamment une "dégradation" de l'état de conscience et de l'état général de cet homme de 38 ans, tétraplégique et cloué sur son lit d'hôpital en état végétatif chronique depuis cinq ans, selon cette source. Les médecins confirment également le caractère irréversible et incurable des lésions cérébrales de Vincent Lambert, victime d'un accident de la route en 2008, ajoute-t-on de même source.
Un état de "conscience minimal consolidé"
Vincent Lambert, dont la famille se déchire sur son maintien ou non en vie, avait déjà été examiné en juin 2011 par les médecins du "Coma science group" de Liège (Belgique), qui avaient procédé à une série de tests pour évaluer son état de conscience. Les médecins avaient alors conclu à un état de "conscience minimal consolidé", sans espoir d'amélioration.
Début avril 2014, les médecins avaient procédé à de nouveaux examens cérébraux à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière et souligné la dégradation depuis 2011 de l'état du patient qui se trouvait dorénavant dans un état végétatif avec des dysfonctionnements du tronc cérébral qui régule entre autres la respiration et le rythme cardiaque, évoquant un "mauvais pronostic clinique".
L'absence de directives anticipées
Les experts confirment par ailleurs, selon la source proche, que l'interprétation des réactions comportementales de Vincent Lambert comme "l'expression d'une intention ou d'un souhait à l'égard de l'arrêt ou de la prolongation du traitement ne paraît pas possible". Selon eux, "l'existence de réactions aux soins (…) ne fait pas de doute, mais c'est leur interprétation qui prête à discussion".
Par ailleurs les médecins estiment que "dans une telle situation et en l'absence de directives anticipées et de personne de confiance, le degré de l'atteinte de la conscience" de Vincent Lambert "ne saurait constituer le seul élément déterminant dans la réflexion du Conseil d'Etat concernant son maintien ou non en vie. "C'est au médecin à chercher, à enquêter parmi les proches et dans le passé du patient", a estimé le docteur Eric Kariger, du CHU de Reims.
La famille est divisée
L'entourage de Vincent Lambert, divisé, s'affronte dans un véritable bras de fer autour de sa fin de vie. Après plusieurs mois de réflexion, le CHU de Reims avait décidé d'arrêter d'alimenter et d'hydrater artificiellement le patient. Mais ses parents sont opposés à son euthanasie passive, persuadés qu'il est "présent" alors que les médecins décrivent un patient "atteint d'une maladie grave et incurable" et souffrant "de lésions cérébrales graves et irréversibles".
Les avocats des parents reprochent aux équipes médicales du CHU de Reims "une absence de stimulation sensorielle et de soins de confort (...) qui constituent selon eux "une possible situation de maltraitance du patient pour lequel s'est installé une logique de fin de vie (...) et même de mort annoncée".
Ils affirment par ailleurs que l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert ne constituent pas un cas d'"obstination déraisonnable".
Son épouse Rachel et son neveu François se disent, eux, déterminés à respecter ses dernières volontés en affirmant qu'il avait signifié avant son accident le refus de tout acharnement thérapeutique. Ils avaient saisi le Conseil d'Etat pour qu'il annule le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne du 16 janvier ayant décidé le maintien en vie, à la demande des parents.
Les parties ont jusqu'au 10 juin 2014 pour répondre à ces conclusions, avant que la plus haute juridiction administrative ne rende sa décision après un débat contradictoire.
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