Le cerveau, une source d'inspiration artistique
Si survivre à une rupture d'anévrisme représente un exploit, y survivre sans séquelles relève presque du miracle. Amandine Chenot n'avait que 18 ans lorsqu'elle a affronté cet accident, qui a marqué sa vie et son identité artistique. Depuis 15 ans, cette artiste peintre explore l'encéphale. Certaines de ses toiles sont actuellement exposées à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière. Rencontre avec cette artiste de tête.
Comme tous les peintres, son oeil est constamment à l'affût et dans son esprit, les images se bousculent. Mais chez Amandine Chenot, elles ont des évocations assez épiques. À 18 ans, Amandine Chenot étudie déjà les arts plastiques lorsqu'elle est victime d'une rupture d'anévrisme et opérée de toute urgence. Un accident qui fait basculer sa vie et finit par marquer irrémédiablement son identité d'artiste.
Amandine Chenot plonge alors dans les méandres de son cerveau et de son dossier médical pour transposer ses visions sur des toiles. Sous ses coups de pinceau, les planches d'IRM prennent des couleurs, les cartes routières se transforment en vaisseaux sanguins, les artères cérébrales en idéogrammes.
C'est dans son atelier qu'elle donne vie depuis 15 ans à ses visions. Dans son esprit, une image s'impose et avec elle, la technique. Et quand l'artiste ne suggère pas le relief de nos vaisseaux avec des fils entremêlés ou des pieds de vigne, elle travaille sa peinture en filaments. Avec toujours un objectif en tête : respecter sa matière première, l'imagerie médicale. Comme une thérapie, grâce à son art, Amandine Chenot a progressivement appris à dompter ses angoisses, à juguler ses idées morbides.
Séduit par son oeuvre, un neurologue, le Pr Yves Agid, a tout de suite soutenu ce projet d'exposition dans les locaux de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière : "Qu'une personne qui a du talent profite de son expérience pour imaginer de manière artistique ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent d'un cerveau, me paraît remarquable", confie le Pr Yves Agid.
Pour éviter une nouvelle rechute, Amandine Chenot est encore suivie tous les trois ans. Mais avec ses toiles, elle a peut-être trouvé le moyen d'être immortelle.