Grand froid : pensez à protéger vos animaux !

En hiver, les animaux peuvent souffrir du froid. Face à la neige et aux basses températures, comment les animaux réagissent-ils ? Farah Kesri, vétérinaire éthologue, nous livre quelques astuces pour nous aider à les protéger.

Farah Kesri
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"Froid de loup ou froid de canard ?", chronique de Farah Kesri, vétérinaire éthologue, du 28 janvier 2019 -
"Froid de loup ou froid de canard ?", chronique de Farah Kesri, vétérinaire éthologue, du 28 janvier 2019 -  —  Crédit photo : © DaPuglet on VisualHunt.com / CC BY-SA

Les loutres s'amusent à faire des glissades sur le ventre, la neige ne leur fait pas peur. Les pandas, eux, préfèrent les roulades alors que les singes font des boules de neige. Les chiens et les chats aussi s'amusent beaucoup mais ne les laissez pas manger la neige car même si elle n'est pas dangereuse en soi, son ingestion peut entraîner un choc sur la muqueuse digestive. Surtout en ville où la neige est régulièrement salée (à cause du salage), si votre animal l'avale, cela peut provoquer une diarrhée osmotique. Le sel va faire sortir l'eau des cellules, il risque la déshydratation.

Il y a aussi un risque d'intoxication car la neige peut se mélanger avec des substances toxiques comme l'antigel utilisé pour les radiateurs des voitures. Certains automobilistes vident l'excédant dans le caniveau. Comme l'antigel a un petit goût sucré, le chien ne se méfie pas et risque une grave intoxication avec des convulsions, il peut même tomber dans le coma.

Des animaux naturellement plus aptes à affronter le froid ?

Les animaux qui ont un pelage important ont évidemment un avantage puisqu'il sert d'isolant thermique. Plus le pelage est dense, plus il y a un duvet efficace contre la déperdition de chaleur. Plus le poil est long, plus il protège contre la pluie et peut se dresser contre le froid. C'est la raison pour laquelle les races à poil dense supportent mieux le froid. Pareil pour les chats comme les Chartreux et les Maine Coon, qui sont encore moins frileux que les chiens. 

Le sébum sécrété par leur peau aide aussi à perméabiliser leur épiderme et la présence de graisse sous-cutanée sert d'isolant thermique naturel. Concernant leur pelage, la densité varie. Un chien qui vit plus à l'intérieur de la maison qu'à l'extérieur a un pelage moins dense qu'un chien qui vit à l'extérieur. C'est pourquoi il faut choisir pour son animal l'option dedans ou dehors. Si votre animal passe la plupart de son temps à l'extérieur de la maison et si vous lui changez ses habitudes pour le faire vivre plus à l'intérieur, la chute de poils peut être spectaculaire.

Que risque un chien à poil ras si on le sort par grand froid ?

Un animal qui n'est pas habitué au froid, ou peu armé contre le froid en raison de son pelage, court un risque de choc thermique et tombera comme nous, malade, avec un rhume, une bronchite ou une grippe (pas de contagion avec les humains car il ne s'agit pas des mêmes germes). Il peut alors être judicieux de les protéger. Les chiens à poil ras peuvent avoir besoin d'un manteau s'il fait froid, les chats eux ne les supportent pas.

Pour les pattes des chiens, surtout ceux qui aiment courir dans la neige, attention à leurs coussinets. On peut les protéger avec des chaussons. Il faut surtout enduire les coussinets avec des produits riches en graisses pour les isoler de la neige, du verglas, du froid. Cela aide à renforcer les liaisons entre les cellules de la peau des coussinets et évite la formation de crevasses.

La neige peut former de la glace au niveau des poils entre les coussinets et cela est très douloureux, un peu comme si on nous écartait en permanence les doigts. Cela provoque des lésions, donc il ne faut pas hésiter à tanner les coussinets et pensez à rincer les pattes à l'eau tiède et à bien les sécher. 

Quelles espèces résistent le mieux aux basses températures ?

Plusieurs espèces résistent bien aux basses températures, mais l'une des plus surprenantes est la grenouille des bois. Elle vit dans le nord des États-Unis et en Alaska. C'est un ectotherme, ce qui signifie que sa température corporelle suit celle de son environnement. Quand il fait - 5°C, - 10°C ou - 20°C, sa température interne suit.

Comme d'autres animaux, la grenouille des bois hiberne en mettant toutes ses fonctions au ralenti, son métabolisme, sa fonction cardiaque et respiratoire mais plusieurs espèces de reptiles succombent quand il gèle. La grenouille des bois, elle, se laisse congeler. Les deux tiers de l'eau de son corps se transforment en glace. Son sang gèle dans ses veines et son coeur s'arrête de battre. En temps normal, le liquide présent entre les cellules se concentre en ions comme le sel et déshydratent ainsi les cellules. Cette eau forme des cristaux de glace solides et pointus qui peuvent déchirer la paroi des cellules. Or, chez la grenouille des bois, ce n'est pas ce qui se produit.

Lors de la congélation, les cellules de la grenouille ne sont pas endommagées. Car lorsque la température baisse, la grenouille produit cinq fois plus de glucose (du sucre) qui circule dans son corps. Il entre dans les cellules de ses muscles et de ses organes et capte les molécules d'eau. Il empêche la formation de cristaux. Le sucre qu'elle produit lui sert d'antigel. Au printemps, la glace fond et l'eau réhydrate les cellules. Le glucose est de nouveau stocké mais sert très vite car ces grenouilles se reproduisent dès la fin de l'hiver et ont besoin de ce carburant qui leur fournit l'énergie nécessaire.

Vos animaux de compagnie ne sont pas dotés de super-pouvoirs comme certains autres animaux, alors observez-les, pensez à les couvrir, ne les exposez pas trop au froid, nourrissez-les un peu plus, hydratez-les car quand on aime son animal, on le protège.