L'aquaponie, une production 100% écolo
Produire du poisson d'élevage sans émettre de déchets, ni polluer l'eau et l'environnement, c'est possible grâce à l'aquaponie.
On le dit souvent : manger du poisson, c'est bon pour la santé ! Aujourd'hui, un poisson sur trois provient de l'aquaculture. Pourtant, ce mode d'élevage émet des déchets et provoque une pollution de l'eau et de l'environnement. Un autre moyen 100% écologique existe : il s'agit de l'aquaponie.
L'aquaponie, qu'est-ce que c'est ?
Si vous pensez que des poissons et des végétaux n'ont rien en commun, détrompez-vous. Des laitues peuvent pousser grâce à des poissons. Au centre de pisciculture expérimentale de l'Inra de Sizun en Bretagne, des chercheurs ont eu l'idée d'utiliser une méthode ancestrale : l'aquaponie. "L'aquaponie est un système qui permet de valoriser au mieux les effluents des poissons. Tout ce qui n'a pas été assimilé et tout ce qui a été rejeté par le poisson va servir à nourrir ou à faire croître des végétaux", explique Laurent Labbé, directeur du centre PEIMA de l’Inra.
Premier acteur du circuit : les truites arc-en-ciel. Elles sont nourries avec des aliments contenant 70% de végétaux. Leurs matières fécales sont traitées et retirées de l'eau. Les matières les plus solides sont ensuite récupérées et traitées. Les matières fécales solides servent d'engrais et sont revendues à des agriculteurs de la région car seules les particules fines servent à l'aquaponie.
Les salades, elles, poussent dans un système hors sol, autrement dit leurs racines ne sont pas enfouies dans de la terre : "L'eau issue de l'élevage des poissons passe dans un système de tuyauterie et les racines puisent directement les éléments nutritifs produits par les poissons pour pouvoir croître normalement", décrit Laurent Labbé.
Pour que les salades puissent se nourrir des déchets des poissons, il faut un troisième élément : les bactéries. Ce sont elles qui transforment l'ammoniac contenu dans les déjections des poissons et qui est très nocif, en un nutriment pour les salades : le nitrate. En absorbant ce nitrate avec leurs racines, les végétaux se nourrissent et nettoient en même temps l'eau. Une fois purifiée, cette eau peut retourner aux poissons et ainsi de suite.
Une alternative à l'agriculture conventionnelle
Bactéries, poissons et végétaux cohabitent dans un système vertueux, où chacun aide l'autre à se développer et dans lequel tout se transforme et rien ne se perd. Avec ce système, il faut dix fois moins d'eau qu'en aquaculture. De plus, si on compare l'eau issue de l'aquaponie à celle issue d'un élevage classique la différence est nette.
Les truites, elles, se développent normalement, en bonne santé et pour s'assurer que ces poissons peuvent être consommés, des tests sont effectués. Taille, poids et taux de matières grasses sont mesurés. Un examen des organes et de la chair est même effectué : "L'ensemble des mesures réalisées sur le circuit aquaponique versus un élevage traditionnel, ont pu démontrer qu'il n'y avait aucune différence des qualités de chair", confie Lionel Goardon, responsable d'élevage au centre PEIMA de l'Inra.
La prochaine étape pour ce centre sera de simplifier le circuit aquaponique afin d'offrir un kit clé en main aux éleveurs. Dans ce centre de recherche, cinq tonnes de truites et près de 5.000 salades sont produites chaque année. Pour le moment, la production n'est pas à vendre, elle est redistribuée en interne dans les différents centres INRA.