Un choc psychologique peut-il déclencher une hypocondrie ?
Pourquoi un choc psychologique peut-il déclencher une hypocondrie ? Quel lien entre les deux ? Quand on est atteint d'un trouble anxieux généralisé, a-t-on plus de risques de développer une hypocondrie ?
Les réponses avec le Dr Laurent Chneiweiss, psychiatre :
"Un choc psychologique peut déclencher n'importe quelle pathologie psychiatrique d'une manière générale : anxiété, dépression… Très souvent, dans les problèmes d'anxiété qui deviennent pathologiques, on a un facteur de stress qui déstabilise des choses. Cela peut être un incident médical, mais il peut aussi s'agir d'un incident non médical. La plupart du temps, on ne trouve finalement pas l'origine. À un moment donné, l'anxiété sur la santé démarre.
"Le terme d'hypocondrie tend à devenir désuet, tout d'abord car il est un peu méprisant, un peu dénigré. On préfère plutôt utiliser le terme d'anxiété sur la santé. Avant, on parlait d'anxiété sur la maladie et maintenant on parle plutôt d'anxiété sur la santé qui correspond un peu plus à ce qu'il y a de plus fréquent. Les patients éprouvent une inquiétude assez forte sur le fait d'avoir une maladie et donc sur leur santé. Et le fait d'être rassuré permet la plupart du temps de diminuer le degré d'anxiété. Alors que pour l'hypocondrie, il y a une idée de conviction quasiment délirante qui est : je suis malade, le médecin n'a rien trouvé, je vais donc en voir un autre.
"L'anxiété sur la santé est une forme d'anxiété parmi d'autres. La plupart du temps, les personnes qui ont une anxiété sur leur santé sont aussi anxieuses pour d'autres sujets, mais elles centrent plutôt leur anxiété et leur focalisation dans le domaine de la santé. Généralement, il y a un trouble d'anxiété généralisé, c'est-à-dire que cela touche de nombreux domaines. Mais ça se centre particulièrement sur la santé.
"Les mécanismes se ressemblent. Dans l'anxiété, il y a un hyperéveil donc on est beaucoup sujet à vouloir observer son environnement. Globalement l'incertitude est difficile à supporter. Il y a donc cet hyperéveil pour essayer de repérer tous les facteurs d'incertitude. Cet hyperéveil se centre sur le corps. Et il suffit d'observer son corps pour trouver quelque chose qui ne va pas. Mais si on est en permanence sur le corps, on va amplifier le symptôme et en amplifiant le symptôme on devient anxieux, et donc un cercle vicieux se forme."