Course à pied : attention les yeux !
La course à pied peut provoquer des troubles musculo-squelettiques, mais pas seulement… Elle peut également affecter l'œil. Un coureur britannique en a fait l'expérience lors d'un ultra-marathon, où le vent et les températures négatives ont congelé sa cornée après 80 kilomètres d'épreuve.
Si la course est bonne pour le cœur, elle l'est peut-être moins pour les yeux… Un coureur de 44 ans a vu la cornée de son œil gauche congelée lors de la première étape d'un ultra-marathon de sept jours. Après avoir couru plus de 80 kilomètres, le Britannique s'est plaint de douleurs et d'irritations à l'œil, selon les médecins qui l'on prit en charge et qui rapportent son cas dans le British Medical Journal. Depuis plusieurs heures, le quadragénaire souffrait d'une gène oculaire ainsi que d'une vision trouble. Une blessure que le patient décrit comme "silencieuse", attribuant les symptômes au manque de sucre et à la fatigue. Pourtant, en examinant l'œil de plus près, les médecins constatent que la cornée est abimée. Il semble même que cette dernière ait gelé pendant la course, sous un vent fort et à des températures inférieures à 0°C.
"Cette blessure semble être le résultat de la congélation transitoire de l'épithélium de la cornée", indiquent les médecins. Cet épithélium est recouvert d'une mince couche de larmes qui humidifie l'œil, tout en le protégeant contre les corps étrangers. "Les vents forts ont séché l'avant de l'œil et réduit la protection offerte en perturbant le film protecteur", précisent-ils. Les températures froides ont également gelé ce liquide déjà affaibli. D'autres coureurs se plaignaient eux aussi d'irritations et de démangeaisons à l'œil gauche, côté d'où venait le vent.
Le coureur après la course (Source : BMJ)
Généraliser le port de lunettes protectrices
"Ce type de blessures a déjà été observé chez les alpinistes et les parachutistes" expliquent les médecins, qui précisent que c'est la première fois qu'un tel cas est rapporté pour de la course à pied. Une fois les températures redevenues positives, l'œil du sportif a recouvré son état normal, même si sa cornée est restée un temps enflammée. Plus généralement, si l'œil blessé n'est pas extrait des conditions météo extrêmes, la cornée peut alors s'ulcérer, menaçant ainsi durablement la vision.
Si le Britannique s'était entraîné à la survie à basse température (il se préparait pour un course dans des conditions similaires à celle de l'Arctique), il ne portait néanmoins ni casquette ni lunettes. En conclusion, les médecins recommandent donc à tous les sportifs de porter des lunettes protectrices, du même type que celles utilisées couramment au sport d'hiver.
Source : Eye injuries in the extreme environment ultra-marathon runner. Thomas Adam Cope, Anna Kropelnicki. BMJ case reports, 2 juin 2015. doi:10.1136/bcr-2015-210432