Bigorexie : êtes-vous accro au sport ?
La bigorexie est une addiction peu connue. Pourtant, au même titre que les autres dépendances, elle a un fort retentissement sur le couple, la famille et la vie professionnelle. Que sait-on de la bigorexie ? Quels symptômes doivent alerter ? Existe-t-il une prise en charge ? On vous répond.
Multiplier les séances de sport, courir plusieurs fois par jour, s'astreindre à plusieurs heures d'activité physique intense par jour peuvent être les signes d'une bigorexie. Le mot est la contraction de l'adjectif anglais big (gros) et d'orexie, qui signifie désir en grec.
"Même si l'activité physique a beaucoup de vertus, chez certaines personnes, l'excès est nocif, comme dans la bigorexie", précise le Dr Frank Fontvielle, médecin du sport. "Ce terme s'oppose à l'anorexie, un trouble du comportement alimentaire où les personnes se trouvent trop grosses. Dans le cas de la bigorexie les patients ne se trouvent jamais assez musclés, jamais assez dessinés."
Les hommes plus touchés que les femmes
D'après le spécialiste, historiquement, la bigorexie était davantage liée à un trouble du comportement alimentaire tandis qu'aujourd'hui, elle se rattache à la dépendance au sport, que l'on appelle sportholisme. "C'est avant tout une dépendance au sport et l'alimentation n'est qu'un moyen d'arriver à la finalité que recherche le sportif", complète-t-il.
Les hommes sont plus concernés que les femmes et les sportifs amateurs davantage que les professionnels protégés par l'encadrement dont ils bénéficient.
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Quels signes doivent alerter ?
Le premier signe de bigorexie est une pratique sportive excessive.
"On estime qu'il y a un risque à partir de 10 heures hebdomadaires", précise le Dr Fontvielle. "Les bigorexiques organisent toute leur vie en fonction de la pratique sportive, de manière millimétrée. L'alimentation est modifiée, le sommeil devient un impératif avec des horaires très stricts, au détriment des contacts ou évènements sociaux."
La vie professionnelle et familiale, les relations sociales ne sont plus des priorités.
Des symptômes de manque
"Sous l'effet du sport, le cerveau produit des neurotransmetteurs comme la sérotonine, les endorphines et la dopamine", ajoute le Dr Fontvielle. "Ils donnent la sensation d'être sur un nuage et c'est une récompense attendue à chaque fois que la personne bigorexique fait du sport. C'est cette recherche de neurotransmetteurs qui la fait vivre."
"Quand il y a une blessure, la personne souffrant de bigorexie ressent un manque intense comme une personne alcoolique ressentirait en manque d'alcool", explique Frank Fontvielle.
L'absence de sport provoque des symptômes de manque, comme une irritabilité, un trouble du sommeil, une grande angoisse, des douleurs.
Comment soigner la bigorexie ?
La prise en charge reste un défi puisque les personnes bigorexiques ne souffrent pas de leurs symptômes. Comme pour toutes les addictions, elle se fait auprès d'un addictologue ou d'un psychiatre.
Les personnes bigorexiques "consultent rarement pour la bigorexie mais ils ont parfois une autre addiction, comme un trouble du comportement alimentaire", détaille le Dr Sarah Coscas, addictologue. "La prise en charge est celle de toutes les addictions comportementales, à base de thérapie cognitive et comportementale et d'entretiens motivationnels. Il faut soigner les problèmes associés, s'il y a un trouble du comportement alimentaire, une dépression secondaire, ou des troubles anxieux et prendre en charge l'environnement si le métier est de faire du sport."