Prévenir l'obésité chez les enfants
En France, 18% des enfants sont obèses ou en surpoids. Une alimentation trop grasse et trop sucrée, et un manque d'activité physique sont-ils seuls responsables ? Comment expliquer la montée de l'obésité chez l'enfant ? Quelle est la part des facteurs environnementaux et génétiques ? Les enfants sont-ils égaux face à ce problème ?
Obèse ou seulement dodu ?
En France,18% des enfants et des adolescents sont actuellement en surpoids, dont 5% ont atteint le stade de l'obésité (chiffres de 2020, d'après la DREES). Alimentation trop grasse et trop sucrée, manque d'activité physique, facteurs génétiques, problèmes de sommeil... les causes habituellement évoquées sont variées.
Il y a une forte inégalité sociale des enfants face à l'obésité puisque d'après le ministère de la Santé, à l’âge de six ans, les enfants d'ouvriers sont 4 fois plus concernés par l'obésité que les enfants de cadre (16% sont en surcharge pondérale et 6% sont obèses, chez les enfants d'ouvrier, contre respectivement 7% et 1% chez les cadres). Une tendance à la hausse notamment chez les filles depuis 2009, qui inquiètent les spécialistes...
Quand parle-t-on de surpoids et d'obésité ?
Pour savoir si une personne est en surpoids, on calcule l'indice de masse corporelle (IMC). Le poids est divisé par la taille au carré. Si le chiffre obtenu est au-dessus de 25, on parle de surpoids. Et à partir de 35, on parle d'obésité morbide. Ce calcul est vrai pour les adultes. Pour les enfants, ce n'est pas si simple. Les valeurs doivent être interprétées en fonction de l'âge et du sexe. Il faut donc reporter le chiffre obtenu sur une courbe. Mais pas sur une courbe de croissance, mais sur une courbe de corpulence. Sur cette courbe est indiquée une ligne d'évolution de corpulence normale. Quand les valeurs se situent au-dessus de cette ligne, on parle d'obésité. Et quand elles sont en dessous, on parle d'insuffisance pondérale.
En moyenne, la corpulence augmente la première année de la vie (le bébé est potelé), puis diminue jusqu'à 6 ans, puis croît à nouveau jusqu'à la fin de la croissance. Cette remontée est normale parce que l'enfant prend en quelque sorte des réserves pour satisfaire son organisme qui grandit. On parle de rebond d'adiposité.
Plus le rebond est précoce (avant 6 ans), plus le risque de devenir obèse est élevé. Le rebond d'adiposité avant 6 ans est une sorte de marqueur prédictif du risque d'obésité. Le suivi de la courbe de poids est donc très important.
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Savoir prévenir le rebond d'adiposité
L'obésité infantile est multifactorielle, elle peut être liée à une alimentation trop riche et/ou un manque d'activité physique, dans un contexte de prédispositions familiales. On parle d'environnement "obésogène" pour décrire un milieu de vie propice à l'obésité : aliments trop riches, trop gras et trop salés facilement accessibles ; mode de vie sédentaire et stressant ; milieu de vie peu propice aux transports actifs (vélo, marche). Les individus n'étant pas égaux sur le plan génétique, certains ont plus de risque de devenir obèses si l'environnement est propice.
Les facteurs de risque d'obésité sont bien connus : l'obésité
parentale et notamment maternelle, l'exposition durant la grossesse au
tabagisme/à une prise de poids importante ou à un diabète mal équilibré, la
sédentarité associée à une alimentation trop riche en produits gras et sucrés,
le manque de sommeil, des troubles du comportement alimentaire, une dépression,
un harcèlement scolaire ou des abus sexuels, des mesures alimentaires trop
restrictives ou permissives, les compulsions alimentaires.
Le suivi de l'évolution de la corpulence permet de détecter le plus tôt possible un problème de surpoids, avant que l'obésité ne s'installe. 60% des enfants obèses risquent de devenir des adultes obèses avec tous les risques que cela comporte pour leur santé. Le dépistage est donc primordial afin d'apprendre à manger la juste quantité.
Surpoids : la santé en danger
Pathologies liées à un surpoids Les conséquences peuvent être immédiates sur la santé de l'enfant, au niveau des articulations ou sur la fonction respiratoire (l'enfant manque de souffle). Plus tard, il a plus de risque de développer un diabète gras ou une pathologie cardiovasculaire. C'est même son espérance de vie qui risque alors de diminuer. La persistance de l'obésité à l'âge adulte expose en plus à des risques articulaires et métaboliques.
Les habitudes sont souvent en cause : absence de petit-déjeuner, déjeuner qui ne se fait pas à la cantine (source DREES), absence d'activité sportive,... Il est donc important d'en prendre conscience et d'adapter la prise en charge.
Vie sociale. Le regard des autres compte énormément à l'adolescence. Le surpoids peut alors aussi avoir des retentissements sur la vie sociale et le bien-être. D'où l'intérêt d'agir pour le bien-être et la santé des enfants et des adolescents, à travers le dépistage à un âge précoce et une prise en charge adaptée.
Centres hospitaliers pour enfants obèses
Quand le suivi en ville ne suffit pas, certains enfants et adolescents peuvent rejoindre durant quelques semaines ou quelques mois, des centres spécialisés.
Il existe en effet des services particuliers dans certains hôpitaux destinés aux enfants obèses. Objectif : perdre les mauvaises habitudes alimentaires qui ont conduit à la prise de poids, réapprendre à s'alimenter sainement et faire de l'exercice physique.
Un internat pas comme les autres
Lorsque le suivi en ville avec un nutritionniste ou un endocrinologue n'est pas suffisant, certains enfants sont pris en charge dans un centre de soins. On les appelle les SSR : soins de suite et de réadaptation.
Les enfants obèses ou en surpoids y sont accueillis en internat, pendant plusieurs mois, le temps de retrouver une meilleure hygiène de vie.
Renforcer l'estime de soi
Dans la prise en charge des enfants et adolescents obèses, il n'est pas seulement question d'alimentation et d'activité physique. Il est aussi question d'estime de soi, qui peut être très altérée par un poids ne correspondant pas aux normes.
Appréhender ses formes pour mieux se mettre en valeur, c'est le but des ateliers relooking proposés aux adolescents obèses et en surpoids. "Les séances de socio-esthétique consistent à revaloriser l'image et l'estime de soi. Et le médiateur, c'est l'esthétique", explique Murielle Vaillant, psycho-socio-esthéticienne. Les participants à ces ateliers reçoivent ainsi des astuces et conseils pour "tricher et camoufler leurs complexes".
La socio-esthétique est aussi l'occasion de moments de détente. Pendant une heure, les adolescents prennent le temps de s'occuper d'eux et ont ainsi une meilleure image d'eux.