Chirurgie : cette nouvelle opération répare parfaitement les chevilles
La cheville est une articulation essentielle mais complexe à réparer quand elle s'abîme. Reportage au CHU d'Amiens, où une équipe a mis au point une chirurgie hautement technologique.
Courir, marcher, ou simplement tenir en équilibre sans tomber.
Tous ces gestes du quotidien sont possibles grâce à vos pieds et surtout grâce à vos chevilles, des articulations extrêmement mobiles.
Les chevilles peuvent réaliser trois mouvements : "Le premier est la flexion plantaire, c'est le fait d'amener la pointe de pieds vers le bas", décrit Najjari Faustin, kinésithérapeute au CHU d'Amiens. Vient ensuite le mouvement inverse, la flexion dorsale, qui consiste à "amener la pointe de pieds vers le haut". Enfin, le dernier mouvement est l'adduction/abduction. Il correspond au fait "d'amener sa pointe de pieds vers l'intérieur" pour l'adduction et à celui de "mettre sa pointe de pieds vers l'extérieur pour l'abduction", poursuit-il.
Le talus, le point faible de la cheville
La cheville est une articulation plus complexe qu’il n’y paraît. Elle met en contact les deux os de la jambe avec les vingt huit os du pied grâce à un seul os : le talus. C’est lui la clé de voûte de la cheville.
"Ce petit os vient s'articuler avec l'extrémité inférieure du tibia et ça vient coulisser à la manière d'une poulie. C'est une petite partie qui supporte dans la vie de tous les jours des contraintes importantes qui vont dépasser parfois le poids du corps ça peut aller jusqu'à sept fois le poids du corps", explique Najjari Faustin.
Au fil du temps, le talus est soumis à rude épreuve et devient le point faible de la cheville. Or, une fois endommagé, il est difficile de le réparer.
Une cheville numérisée avant l'intervention
Le Professeur Olivier Jardé, chirurgien orthopédiste au CHU d'Amiens, en sait quelque chose. Cela fait trente ans qu’il répare des chevilles en posant des prothèses. Et le talus lui a longtemps compliqué la tâche. Depuis trois ans, ce chirurgien utilise une nouvelle technologie qui permet de gagner en précision.
La cheville du patient a été numérisée quelques jours avant l’intervention pour reproduire au millimètre près les déformations créées par son arthrose.
Il a besoin d’une prothèse totale de la cheville. "Vous avez une copie conforme qui a été faite par un ordinateur et un robot de la cheville que je suis en train d'opérer et ça me montre les parties pathologiques, que sont ces excroissances d'os. Il va falloir que je retire de façon excessivement précise toutes ces parties osseuses qu'on appelle des exostoses", commente le Pr Jardé.
Quelques coups de scie et de marteau
Pour les retirer, un deuxième moule a été fabriqué.
Il épouse parfaitement les déformations créées par l’arthrose. Une fois placé dans l’articulation, il va servir de guide de coupe pour retirer avec précision les parties malades.
Quelques coups de scie et de marteau et le tour est joué.
Après un contrôle radiologique, le chirurgien peut placer la première partie de la prothèse.
Puis c’est au tour de la prothèse qui remplace la surface du talus d’être placée.
Du plastique pour remplacer le cartilage
"Je vais mettre le plateau en plastique entre le tibia métallique et la partie de l'astragale métallique. Le plastique va remplacer le cartilage. Avant, il n'avait plus du tout de mobilité, là, il a de la flexion dorsale, de la flexion vers la plante du pied et il a surtout une parfaite stabilité et donc le contrat est rempli", confie le Pr Olivier Jardé.
La technique traditionnelle entraîne 20 % d’échec, mais grâce à cette nouvelle technologie, les chirurgiens espèrent réduire drastiquement ce taux.
C’est une nouvelle aventure pour la médecine orthopédique.