Covid-19 : peut-on être réinfecté en seulement quelques semaines ?
On entend de plus en plus parler de cas de réinfections qui surviennent parfois avec un intervalle assez court. Mais s’agit-il véritablement de réinfections ? Quel est le délai possible entre une infection et une réinfection ?
Alors qu’au début de l’épidémie, la réinfection était un phénomène rare, la situation a désormais bien changé. En effet, depuis cet hiver, certaines personnes rapportent avoir été contaminées deux ou trois fois.
Ainsi, François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes, témoignait ce 28 mars sur France Info : "Il y a des gens qui ont été contaminés il y a un mois ou un mois et demi et qui sont recontaminés".
S'agit-il vraiment d'une réinfection ?
Pour comprendre ce phénomène, il est nécessaire de bien définir les termes utilisés.
Pour parler formellement de réinfection, il faut définir la souche du virus grâce à une technique appelée : séquençage.
Si les deux épisodes consécutifs de Covid sont issus de deux souches différentes alors on peut parler de cas de réinfection. Or, tous les tests positifs au coronavirus n'aboutissent pas à un séquençage.
Comment explique-t-on alors ce phénomène ? Cela peut correspondre à une prolongation résiduelle de l'excrétion du virus. Autrement dit, les tests anti-Covid ont été réalisés de manière trop rapprochée. Autre possibilité : cela peut être "réactivation" de la première contamination.
À partir de quand parle-t-on de réinfection ?
Les délais officiels pour parler de réinfections varient selon les pays.
En France le délai entre deux tests positifs au Covid doit être d’au moins de 2 mois pour parler de réinfection.
Mais aux Etats-Unis, pour le Centers for Disease Control and Prevention, on utilise le terme "réinfection" quand une nouvelle infection survient au moins 3 mois après un premier épisode, en l’absence de symptômes (ou 1 mois et demi en présence de symptômes).
Au Royaume-Uni, le délai entre les deux épisodes d’infection est aussi placé à 3 mois.
Quelle est la fréquence des réinfections ?
L'ampleur des réinfections reste difficile à évaluer. Ce qui est sûr, c’est que le variant Omicron a provoqué une hausse nette des cas de réinfections.
Dans un rapport du 17 février 2022, Santé publique France rapportait que plus de 400.000 cas possibles de réinfections avaient été identifiés entre le 2 mars 2021 et le 27 janvier 2022, dont 92 % depuis le 1er décembre 2021. Et "79 % des cas possibles de réinfection (…) avaient un résultat évocateur d’Omicron".
Les dernières données se veulent tout de même rassurantes.
Le 22 février dernier, l'Organisation mondiale de la santé affirmait que "la réinfection par BA.2 après l’infection par BA.1 a été constatée, cependant, les données initiales des études de réinfection au niveau de la population semblent indiquer que l’infection par BA.1 protège fortement contre la réinfection par BA.2".
Le constat est le même pour Santé publique France : "Si des réinfections par BA.2 après une infection par BA.1 ont été détectées, elles restent rares, ce qui est un autre élément en faveur d’une protection croisée entre les deux sous-lignages".
Eviter de faire une faire une forme grave
Quoi qu’il en soit , le risque d’être réinfecté par le coronavirus ne devrait pas être au centre des questions. En effet, "réinfection(s) ou pas", le vrai problème est "d’éviter faire une forme grave " rappelle le Dr Davido.
Et bonne nouvelle, le risque de forme sévère lors d’une réinfection est faible chez les personnes vaccinées, comme le montre une étude parue récemment dans la revue Clinical infectious disease.
"Le risque d’être hospitalisé pour une reinfection est de 0.01% chez les personnes qui ont la double immunité (NRLR : vaccination et infection)" , conclut le Dr Davido.