Des greffés du coeur ou du rein champions de sports d'hiver
Slalom, biathlon, ski de fond… Les Jeux d’hiver des transplantés et dialysés, organisés par l’association Trans-Forme, avaient lieu cette semaine. Reportage sur les pistes de Sainte-Foy Tarentaise, en Savoie.
Pour Justine, 12 ans et greffée du coeur, c’est le premier slalom de sa vie. Christophe, lui, a 46 ans et il espère monter sur le podium. Chacun donne tout dès la première manche. L'essentiel ici est de participer aux jeux nationaux d’hiver des transplantés et dialysés, qui se sont tenus du 15 au 20 janvier 2023, à Sainte Foy Tarentaise en Savoie.
Une deuxième naissance le jour de la greffe
"On a tous notre histoire. Justine est greffée du cœur depuis 11 ans. Moi, je suis greffé rénal depuis bientôt 12 ans. On se retrouve avec un petit challenge compétition. Mais c'est surtout le plaisir de se retrouver… avoir une nouvelle vie, on y va à fond, on profite comme si c'était le dernier jour", commente Christophe.
Entre eux, ils partagent souvent leur "deuxième date de naissance", le jour de la greffe. Rein, cœur, poumons... leurs organes d’adoption fonctionnent parfaitement sur les pistes comme dans leur vie quotidienne. Pendant cinq jours, ils vont se dépasser au fil des épreuves.
Et leurs proches savourent particulièrement les exploits accomplis. "Pour Juju, il n’y a aucun souci tout va bien, un cœur qui marche à 100 %. On ne voit aucune différence par rapport, quasiment, à un cœur d'enfant pas greffé", explique Thérèse, la mère de Justine.
"Je fais de la danse, je fais des sports à l'école, de l'escalade, du hand, du tennis... j'ai fait 4 ans de gym et du judo quand j'étais petite. C’est bien parce que ça sauve des vies… C’est super. C’est un peu comme si je n’avais jamais eu de greffe", confie Justine.
Être à la hauteur de sa chance
Justine a pourtant bien bénéficié de l’incroyable don d’un cœur de bébé quand elle avait 11 mois. Elle était née avec une grave malformation cardiaque.
"Quand ça nous est tombé dessus et qu’on a découvert qu'elle avait un cœur qui était défaillant, on n’avait jamais entendu parler de la greffe. L'objectif principal, c'était de la sauver, d'avoir un cœur. On attendait et ensuite, le greffon est arrivé. Il convient parfaitement à Justine et Justine lui convient parfaitement donc c'est génial, on a une chance folle", confie Thérèse.
Chacun ici, veut être à la hauteur de cette chance et prend en permanence soin de sa santé. La médecin urgentiste chargée de veiller sur eux est impressionnée par leur condition physique. Elle est pourtant habituée à accompagner des compétitions sportives.
"Je n'ai pas fait une seule intervention alors que je n'ai jamais passé une journée sans en faire. Ils sont juste heureux, ils sont bien, ils ne se plaignent de rien. L’altitude, plus le froid… la neige, ils sont forts", se réjouit la Dre Véronique Girault, médecin urgentiste au CH hôpitaux du Léman.
"Le plus beau cadeau qu'on ait pu me faire"
Cette force est puisée dans l’immense reconnaissance qu’ils ont tous envers leurs donneurs."On a le droit après la greffe, de faire une lettre anonyme qui peut être remise à la famille du donneur. Moi, c'est ce que j'ai fait en disant que c'est le plus beau cadeau qu'on ait pu me faire et j'en prendrai soin le plus longtemps possible", commente Christophe.
Justine, Christophe, Martine, Lilian, Émeric, Jordan... tous les participants sont ici des porte-parole pour inciter au don d’organe. Aujourd’hui en France, 27 000 personnes sont en attente de greffe.