Deuxième cas de "guérison naturelle" d'un patient atteint du VIH
Les médecins rapportent le second cas d’une patiente qui semble « guérie » du VIH, sans avoir pris aucun traitement. C’est un formidable espoir pour des millions de patients en attente de traitement.
D’après ONUSIDA, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA, 37.7 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2020. L’épidémie a touché 1.5 million de personnes supplémentaires durant cette année.
Les traitements actuels, les antirétroviraux, permettent de vivre avec le VIH, mais pas de guérir. Ils empêchent la multiplication du virus et non son élimination complète.
Cas exceptionnel de « guérison » sans traitement
La revue « Annals of Internal Medicine » rapporte le cas d’une patiente « guérie » spontanément du VIH-1. L’analyse d'environ 1,2 milliard de cellules sanguines de cette patiente n’a pas identifié la présence de virus intact capable de se répliquer. Seuls des fragments défectueux de matériel viral ont été détectés, témoignant bien d’une infection préalable par le VIH.
La patiente pourrait présenter une « guérison stérilisante » de l'infection par le VIH grâce à une immunité naturelle, selon les auteurs. Mais les chercheurs insistent : une « guérison » totale du VIH et définitive ne peut pas être prouvée, étant donné qu’une analyse exhaustive de toutes les cellules de la patiente est impossible techniquement.
Cette patiente d’origine argentine, appelée « Patiente Esperanza » est le second cas de « guérison » spontanée du VIH. Le premier cas de "guérison spontanée" du VIH, appelé le « Patient de San Francisco » était décrit en janvier 2020 dans le journal Nature.
Deux « guérisons" suite à une greffe
En plus de ces patients remis naturellement du VIH, deux autres malades atteints du VIH-1 ont été déclarés guéris : ce sont les « Patient de Londres » et « Patient de Berlin ». Ces patients souffraient aussi d’un cancer , et c’est la greffe de moelle osseuse dans cette indication qui semble avoir enrayée la réplication du VIH. Dans ces deux cas, les cellules immunitaires apportées par les donneurs auraient stoppé le virus.
Des réservoirs de virus difficiles à détecter
Les malades « contrôlés » sous traitement antirétroviral restent avec une charge virale en dessous du seuil de détection, mais sont porteurs de réservoirs du virus.
Les réservoirs sont des cellules infectées par le VIH qui ne produisent plus de virus grâce aux traitements antirétroviraux : le virus est dit « dormant » et l’infection latente. Mais dès l’absence de traitement, le virus recommence à se multiplier.
Chez le « Patient de San Francisco » et la « Patiente Esperanza », ces réservoirs n’ont pas été détectés. Les systèmes immunitaires de ces patients auraient été capable de nettoyer les réservoirs de virus.
Des pistes pour la recherche de médicaments
Dr Xu Yu , du Ragon Institute of Massachusetts General Hospital, de MIT et Harvard, a expliqué au Time que ces deux malades sont des « contrôleurs d’élite » : ils ont « guéri », en l’absence de traitement.
« Ils pourraient être plus nombreux à travers le monde », selon la chercheuse. « Plusieurs facteurs immunitaires pourraient jouer un rôle. Si nous avons une cohorte de ces cas extrêmement rares, cela nous permettra d’analyser leur réponses immunitaires en profondeur, et de nous apporter des indices sur les facteurs immunitaires qui expliquent leur statut. Ensuite, nous pourrons appliquer ce que nous avons appris à la population générale ».
Ces cas ouvrent aux chercheurs la voie à de grandes pistes de recherche pour de potentiels traitements.
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