Fibrome utérin : pourquoi les perturbateurs endocriniens sont mis en cause
L'origine des fibromes utérins reste mal connue. Pourtant cette affection concerne 1 femme 4. Plusieurs études scientifiques pointent du doigt le rôle des perturbateurs endocriniens sans établir un lien de causalité. On vous explique.
Le fibrome utérin est une tumeur bénigne qui se développe dans l'utérus. Il est responsable de saignements, de douleurs et parfois de troubles urinaires ou de constipation s'il comprime la vessie ou les intestins.
Le fibrome est la première cause d'ablation de l'utérus. La présence de fibromes peut perturber la vie personnelle, intime, sociale et reproductive.
D'où la nécessité de mieux comprendre cette affection, mission à laquelle a répondu le premier congrès français du fibrome qui s'est tenu le 9 juin.
Les perturbateurs endocriniens suspectés
Depuis quelques années, des publications scientifiques émergent sur le rôle des perturbateurs endocriniens dans l'apparition de fibromes. Santé publique France a d'ailleurs publié en 2022 un rapport qui mentionne l'impact des perturbateurs endocriniens.
Comme leur nom l'indique, les perturbateurs endocriniens perturbent le système hormonal. "Ils ont une activité « oestrogen like ». En d'autres termes, ils miment les oestrogènes, les hormones sexuelles féminines", explicite la Dre Catherine Azoulay, gynécologue, qui a participé à la table ronde du congrès sur les perturbateurs endocriniens.
Et de façon logique, de nombreuses maladies hormono-dépendantes, c'est-à-dire qui dépendant des hormones, pourraient être en augmentation du fait de ces substances chimiques.
"On sait qu'il y a des liens entre l'environnement et plusieurs pathologies, comme certains cancers féminins, l'endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques, ou encore l'infertilité et le fibrome", confirme la Dre Catherine Azoulay, gynécologue.
Une relation complexe à prouver
Mais dans le fibrome, il est impossible pour le moment de parler de relation de cause à effet. "Il n'y a pas de chose formelle, il y a de petites publications scientifiques mais il y a plus d'inconnu que de connu", met en garde la Dre Azoulay.
Pour le moment, il s'agit simplement d'une association entre les deux, tant il est complexe de prouver la causalité.
En effet, les perturbateurs endocriniens sont très nombreux ; de nouveaux sont découverts chaque jour et leurs effets se potentialisent. Ce qui rend impossible de relier tel ou tel perturbateur à telle pathologie.
"Il est aussi très compliqué de faire la preuve des perturbateurs endocriniens parce qu'ils sont partout dans ce que nous mangeons, ce que nous buvons, quand nous cuisinons, faisons le ménage, nous nous mettons de la crème..., s'exclame la Dre Azoulay.
Et les perturbateurs endocriniens ne sont pas les seuls facteurs qui peuvent expliquer l'augmentation de ce type de pathologies. L'amélioration des diagnostics et des recensements ou une libération de la parole des patientes, après une longue période où le fibrome a été banalisé, doivent aussi être pris en compte pour expliquer la hausse des cas.
Comment agissent les perturbateurs endocriniens ?
Si les perturbateurs endocriniens jouent un rôle, plusieurs mécanismes d'action pourraient être en cause.
"Les perturbateurs endocriniens induisent des phénomènes d'inflammation, précise la Dre Azoulay. Ils pourraient être responsables de modifications épigénétiques de l'ADN (les gènes ne sont pas mutés mais leur expression est modifiée), et de mutations. Attention, ce ne sont que des hypothèses !"
Comment se prémunir des perturbateurs endocriniens ?
À l'heure actuelle, des recommandations existent chez les femmes enceintes, à qui on conseille, entre autres, d'éviter le PVC et les phtalates et de privilégier les produits bio. Le Conseil national des sages-femmes a d'ailleurs inclus l'environnement dans ses recommandations en juillet 2021.
"En ce qui concerne le fibrome, il n'y a pas de recommandations particulières à faire aux femmes, estime la Dre Azoulay. Mais elles peuvent suivre des recommandations générales, de bon sens. Il s'agit de diminuer son exposition par l'alimentation bio, par les produits ménagers bio, de limiter les plastiques et d'éviter de les chauffer, d'éviter les additifs alimentaire et le téflon. Il est conseillé d'essayer de choisir des cosmétiques et produits d'hygiène bio ou à formule courte."
"Dans le développement du fibrome, il y a un facteur inflammatoire. Attention à l'alimentation ultra-transformée qui augmente l'inflammation dans l'organisme. Il faut revenir à des plats que l'on cuisine soi-même. Et tout ce qui peut diminuer l'état inflammatoire des femmes est intéressant, comme se bouger, avoir des activités douces, le yoga, la méditation ou le bien dormir" , liste enfin la Dre Azoulay.