Attentats : la longue reconstruction du visage de Gaëlle, blessée au Bataclan
Six ans après les attentats et de nombreuses interventions chirurgicales, nous avons suivi la dernière opération de Gaëlle qui vise à redonner souplesse et mobilité au tissu greffé de son visage.
Le 13 novembvre 2015, au Bataclan, Gaëlle a été gravement blessée au visage par une balle. Des interventions chirurgicales lourdes ont permis de recréer sa mâchoire avec une partie d’un os de sa jambe. Puis il a fallu reconstruire une de ses joues et ses lèvres.
Dr Daniel Labbé, chirurgien plasticien et esthétique : "Souriez à fond ! Voilà, ce qu’on voit quand vous souriez, le sillon se marque bien mais en fait ce qui bloque plutôt ici c’est le fait que ça ne remonte pas parce que je sens une bride qui empêche votre commissure de monter et d’aller latéralement. En plus de ça on a une hyperactivité de votre muscle du cou qui se prolonge vers la lèvre et qui vient tirer vers le bas votre commissure".
Réduire l'activité du muscle
Aujourd'hui, une nouvelle intervention chirurgicale a pour but d'améliorer les fonctions et l’aspect de son nouveau visage. Le chirurgien commence par repérer le muscle du cou. C'est là qu'il injectera au bloc opératoire de la toxine botulique, pour réduire son activité…
Dr Daniel Labbé, chirurgien plasticien et esthétique : "Ca a l’air de petites choses à côté de ce qui a été fait, mais ça prend, pour nos patients, une importance aussi marquée que la reconstruction de départ. Si on peut effacer les cicatrices qui racontent malheureusement une histoire dramatique dans le cas présent, chaque façon d’effacer permet de mieux vivre ça".
Une des armes du chirurgien aujourd’hui est originale : il s'agit de la graisse de Gaëlle ! Prélevée au niveau des cuisses cette graisse est ensuite passée dans une centrifugeuse pour la séparer du sang.
Réinjecter la graisse
Dr Daniel Labbé, chirurgien plasticien et esthétique : "On va récupérer la graisse pour remplir les petits creux qui existent. C’est tellement cicatriciel qu’on a du mal à pénétrer la zone car c’est fibreux. Quand on met de la graisse dessous on apporte le tissu cellulaire sous-cutané qui va nous permettre de redonner un aspect beaucoup plus normal à tout ça".
Puis la graisse est elle-même filtrée pour en extraire des cellules aux pouvoirs étonnants : des cellules souches.
L'intérêt des cellules souches
Les
cellules souches peuvent refaire des petits vaisseaux, elles sécrètent des
facteurs de croissance locaux et elles améliorent les cicatrices. Il faut entre 3 et 5 mois pour que les cellules injectées recréent quelques millimètres de peau et de vaisseaux..
En attendant, le chirurgien va améliorer plus vite le confort de Gaëlle en intervenant au niveau des cicatrices qui limitent les mouvements de sa bouche.
Pour que la nouvelle mobilité puisse vraiment se développer, le chirurgien va limiter l’activité des muscles de l’autre côté du visage avec des injections de toxine botulique.
L'intérêt de la toxine botulique
Dr Labbé "Quand on a une paralysie d’un côté, l’autre côté marche trop bien. Ce qu’on fait, c’est qu’on va modérer l’action globale de ces muscles parce qu’ils sont trop actifs et ils empêchent la rééducation et la symétrie en même temps".
Des injections sont aussi réalisées au niveau du muscle du cou qui tire trop la joue opérée vers le bas. Le bénéfice sera pratiquement immédiat pour Gaëlle.
Cela fait 15 jours, il y a déjà des améliorations et une meilleure mobilité. Il va falloir encore et toujours masser les cicatrices et faire des exercices pour améliorer la mobilité.