Grands prématurés : la musique améliore la maturation cérébrale
Des chercheurs ont observé le cerveau de 40 bébés nés avant 28 semaines. Ceux ayant écouté de la musique en couveuse avaient un développement cérébral similaire à celui des enfants nés à terme.
Les jolies mélodies apaiseraient-elles les grands prématurés ? Du fait des bruits qu’il génère et de l’environnement anxiogène qu’il crée, le placement en couveuse perturbe la croissance du cerveau de ces bébés particluièrement fragiles, et peut entraîner des déficits neuronaux. Des chercheurs américains ont donc tenté de savoir si faire écouter de la musique douce à ces nourrissons pouvait les protéger des agressions extérieures. Ils ont ainsi observé, grâce à des IRM, le cerveau d’une quarantaine de grands prématurés. Résultat : celui des bébés exposés à des écoutes de musique régulières était quasiment aussi développé que celui de bébés nés à terme. Leurs conclusions ont été publiées dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences le 27 mai.
Plusieurs ambiances relaxantes avec des sons de flûte, de harpe ou de clochettes
En moyenne, une grossesse dure 40 semaines. Le fœtus est considéré comme viable entre 24 et 26 semaines. Les nourrissons qu’on appelle grands prématurés (moins de 28 semaines) subissent fréquemment de graves complications, et ont de faibles chances de survie. En effet, plusieurs organes, dont le cerveau, les poumons, le tube digestif et le canal artériel, ne sont pas complètement formés. Les bébés sont alors placés en couveuses, sous assistance respiratoire, avec des perfusions et des capteurs reliés à des écrans de surveillance continue.
Pour rassurer les bébés, les chercheurs ont eu recours aux services du compositeur Andreas Vollenweider, qui a créé plusieurs pistes musicales. Il y a notamment incorporé des ambiances relaxantes, ainsi que des sons de flûte, de harpe ou de clochettes.
"La musique adoucit leur séjour"
En France, l'hôpital de Perpignan a été le premier à offrir ces parenthèses musicales en néonatologie. Comme nous l’expliquait la Dre Bénédicte Veit-Sauca en 2016, "souvent, les bébés sont hospitalisés très longtemps, dans le même endroit, avec le même environnement… Ils ont des gestes douloureux et répétés… La musique, c'est comme un dérivatif, elle leur permet de s'intéresser à autre chose, de se concentrer sur autre chose". "Je suis sûre qu’elle adoucit leur séjour", concluait-elle.
Les auteurs reconnaissent toutefois que d’autres études sont nécessaires pour mieux comprendre l’impact de la musique sur le développement des cerveaux des bébés. Aussi comptent-ils étudier de nouveau le cerveau de ces enfants, qui ont 6 ans aujourd’hui. Le but : voir si l’exposition à la musique en couveuse a des effets sur le long terme.
Car une sortie de l’hôpital en bonne santé ne veut pas forcément dire que le bébé ne connaîtra pas de complications en grandissant. Il existe en effet des risques de séquelles cérébrales et de déficits moteurs, de troubles de la vision et de l'audition, et de difficultés d'apprentissage.