Isotrétinoïne anti-acné : quels sont les effets secondaires du Roaccutane ?
L'isotrétinoïne, longtemps commercialisée sous le nom de Roaccutane, est très efficace contre l'acné. Mais attention aux effets secondaires qui imposent une grande vigilance. On fait le point.
Le Roaccutane® est un médicament très connu et longtemps utilisé pour soigner l’acné. Aujourd'hui, il est désigné sous l'appellation isotrétinoïne, c’est-à-dire la molécule qui compose ce médicament, ou de Curacné®, le nouveau nom du médicament.
Plus de 80 % d'efficacité chez les ados
Ce médicament limite l’hypersécrétion de sébum qui est responsable de l’acné, en asséchant la peau, les muqueuses et souvent les lèvres. Dans le même temps, il régule l’inflammation de la peau qui accompagne souvent l'acné et qui l'empire.
Côté efficacité, la réponse des dermatologues est très claire. "C'est une arme indispensable chez le dermatologue pour les acnés sévères ou les acnés résistantes au traitement conventionnel", assure le Dr Jeremy Lupu, dermatologue. "C'est un traitement percutant, qui fonctionne extrêmement bien, avec des preuves d'efficacité basées sur des études scientifiques. Chez les adolescents, il est à plus de 80 % d'efficacité sur l'acné sévère", poursuit-il.
Tests de grossesse et bilans hépatiques obligatoires
Problème : l'isotrétinoïne comporte de nombreux effets secondaires sévères. Le premier à signaler est le risque de malformation du fœtus en cas de grossesse. C'est pourquoi les jeunes filles et les femmes qui prennent ce médicament doivent obligatoirement prendre une contraception et faire un test de grossesse chaque mois, même si elles n’ont pas encore d’activité sexuelle.
Les autres effets secondaires comptent également une atteinte du foie, qui requiert donc de faire un bilan lipidique et hépatique avant de débuter le traitement, puis le premier mois et tous les trois mois. Le traitement sera interrompu en cas d'anomalie. Il existe également un risque de sécheresse très importante de la peau, des lèvres et des muqueuses.
Dépression, pensées suicidaires...
Enfin, l'effet de l'isotrétinoïne sur la santé mentale est important et la molécule est pointée du doigt notamment suite au suicide d’un adolescent en 2007 qui prenait ce médicament. Ses parents ont porté plainte quelques années plus tard contre les laboratoires pharmaceutiques qui fabriquaient le médicament.
D’autres parents inquiets ont signalé des états dépressifs chez leurs adolescents. Ces états dépressifs et pensées suicidaires font partie des effets secondaires décrits dans la notice et sont surveillés par les autorités de santé.
Evaluer le rapport bénéfice/risque
Mais à ce jour, aucun lien direct n'a été fait entre santé mentale et Roaccutane : "Il n’y a pas d'étude qui montre directement un lien de cause à effet", note ainsi le Dr Lupu. "C'est très compliqué parce que souvent, ce médicament est adressé à une population adolescente dont on sait qu'elle a un risque supplémentaire, car c'est une période d'exposition à la dépression. On le donne à ces adolescents qui ont souvent une acné sévère et donc ces deux facteurs sont en eux-mêmes des facteurs de risque de dépression, il faut donc rester très vigilant", argumente-t-il.
Aujourd’hui, les médecins ne prescrivent pas cette molécule à un adolescent qui se trouve dans un état de mal-être. Et c'est le dermatologue qui évalue le rapport bénéfice/risque du traitement, qui est à ce jour, très encadré et très contrôlé.
En moyenne, la durée de ce traitement s'étend de six à neuf mois, ce qui suffit à faire disparaître totalement les boutons d'acné, sans récidive.