Plus de caries chez les enfants d'ouvriers
Sept enfants d'ouvriers sur dix n'ont jamais eu de caries contre neuf enfants de cadres. Ils consultent également moins. Une inégalité sociale dans l'enfance qui impacte ensuite durablement l'état de santé bucco-dentaire des adultes.
On sait l'influence des conditions socio-économiques sur la santé, et les inégalités qu'elles engendrent.
Un nouvel exemple nous en est donné aujourd'hui par la DREES qui publie un article reprenant les données de différentes études menées en France sur l'état bucco-dentaire des enfants.
Sans surprise on y apprend qu'il y a plus de caries dans les bouches des enfants de familles modestes que dans celles des enfants issus de familles aisées… Neuf enfants de cadre sur dix n'ont jamais eu de carie à l'âge de 6 ans contre sept enfants sur dix chez les enfants d'ouvriers.
Alimentation, brossage et... visite chez le dentiste.
Différentes explications peuvent être avancées pour expliquer cette inégalité. L'hygiène de vie bien sûr et en particulier l'alimentation. Le recours à des boissons gazeuses sucrées, l'absence de petit-déjeuner compensée par du grignotage, augmentent significativement l'apparition des caries. La mauvaise hygiène dentaire – en particulier l'absence de brossage matin et soir des dents - est également un handicap.
Mais les statisticiens de la DREES notent surtout que le recours au chirurgien-dentiste est insuffisant chez les enfants alors même que l'Assurance Maladie propose le programme gratuit M'T Dents à tous les enfants à 6, 9, 12, 15 et 18 ans. Là encore les inégalités sociales sont probantes. Selon les milieux socio-économiques, le pourcentage d'enfants de 5 à 15 ans ayant consulté un chirurgien-dentiste dans les 12 derniers mois varie de 60 à 80%.
"Les habitudes de soins et de suivi régulier non prises dans l'enfance auront plus de mal à s'acquérir à l'âge adulte", note l'étude. En clair une mauvaise santé dentaire dans l'enfance augure de problèmes bucco-dentaires souvent plus importants à l'âge adulte, et donc beaucoup plus chers à traiter. Sans compter qu'une mauvaise santé des dents peut avoir des conséquences graves sur l'état de santé général, en favorisant l'apparition de maladies cardiovasculaires par exemple.
En savoir plus
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Ailleurs sur le web :
- Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES)
- "Santé bucco-dentaire des enfants : des inégalités dès le plus jeune âge", 24 juillet 2013
REPENSER LA PREVENTION ?
À 12 ans, presque un enfant sur deux est atteint de caries. Mais 6% d'entre eux seulement concentrent la moitié des dents cariées… Et ce n'est pas le fait du hasard ou de la génétique. Les enfants d'agriculteurs, d'ouvriers, de chômeurs, ceux qui habitent en ZEP ou en zone rurale, ont plus de caries que les autres.
Et si on s'intéresse aux adultes, le constat est similaire, plus les revenus sont faibles, plus le renoncement à la prévention et aux soins bucco-dentaires est élevé. Pas de surprise.
Pourtant la carie, c'est l'exemple même de l'affection en grande partie évitable. Avec deux gestes médicaux simples : le brossage des dents et le détartrage.
Le premier incombe à chacun d'entre nous. Mais qui sait qu'une brosse à dent n'est efficace que deux mois ? Certes il ne s'agit pas d'un budget colossal, environ 6 euros par an et par personne… mais quand on est à l'euro près, on sait que c'est d'abord la santé et l'hygiène qui sont sacrifiées.
Alors pourquoi par exemple ne pas réfléchir à faire rembourser par l'Assurance Maladie les brosses à dents et surtout apprendre correctement aux enfants à s'en servir… dès l'école ? Pourquoi ne pas instaurer le brossage des dents après la cantine ? Voilà un acte de santé publique simple et peu coûteux… Il est probable que ce serait un investissement rapidement rentable pour la Sécu.
Deuxième soin de base : le détartrage. Un acte simple qui permet d'éliminer la plaque dentaire qui finit toujours par se déposer. Il est pratiqué par les dentistes… en tous cas ceux qui le veulent bien… Le prix d'un détartrage (28,92 euros tarif fixé par l'Assurance Maladie) est tellement faible au regard du temps passé – en moyenne une demi-heure - que certains praticiens ne veulent plus s'en occuper… et préfèrent se concentrer sur des couronnes, plus rémunératrices. Mais ces couronnes ne sont généralement que la conséquence de dents mal brossées, mal détartrées…
Bref, c'est un échec de la prévention que l'Assurance Maladie prend alors partiellement en charge… et ça lui coûte beaucoup plus cher, à elle, comme au patient…
B.T