Phlébite : agir vite pour éviter les complications
À l'occasion du 48e Congrès du Collège français de pathologie vasculaire qui a eu lieu début mars 2014, les laboratoires Bayer HealthCare ont lancé une campagne d'information sur la phlébite avec un sondage : 85% des Français déclarent avoir déjà entendu parler de phlébite, mais de manière imprécise puisque deux Français sur trois ne sauraient pas la reconnaître. Alors comment reconnaître la phlébite ? Quels sont les symptômes ? Comment réagir en cas de phlébite ? Les explications avec le Dr Gérald Kierzek, urgentiste.
Qu'est-ce qu'une phlébite ?
La phlébite est une maladie cardiovasculaire. Il s'agit d'une thrombose veineuse profonde (TVP), c'est-à-dire qu'un caillot de sang bloque la circulation sanguine. Phlebos signifie "veine" et thrombus, "caillot".
Dans l'immense majorité des cas, la phlébite se forme dans une veine des jambes, mais elle peut apparaître dans n'importe quelle veine (bras, abdomen...). Ce caillot bloque complètement ou partiellement la circulation sanguine dans la veine, comme un bouchon mais surtout si une partie ou la totalité du caillot se détache de la paroi veineuse, il peut migrer jusqu'au cœur, puis obstruer l'artère pulmonaire. On parle alors d'embolie pulmonaire.
Cette affection est moins connue que l'infarctus et l'accident vasculaire cérébral malgré des chiffres tout aussi conséquents : chaque année en France, 100.000 personnes sont concernées et environ 10.000 en meurent. L'enjeu est donc de détecter - et donc d'apprendre à détecter - la phlébite assez tôt avant la migration et avant les complications.
Pourquoi un caillot se forme-t-il ?
On ne connaît pas toujours les causes de la phlébite mais on sait qu'il existe des facteurs de risques majeurs de trois types :
- Le sang qui stagne dans une veine, au lieu de circuler de façon fluide (on parle de stase veineuse). Une immobilisation prolongée (plâtre, alitement...) est un facteur de risque important ;
- Une lésion dans la paroi d'une veine, provoquée par le port d'un cathéter, par une blessure, etc. ;
- Le sang qui coagule trop facilement comme dans certains cancers et certaines anomalies génétiques, par exemple, rendent le sang plus visqueux.
Les traumatismes, la chirurgie, la grossesse peuvent aussi réduire la fluidité du sang et augmenter le risque de caillot. On parle aussi des longs trajets en avion bien que ce soit récemment controversé.
Les symptômes de la phlébite
Dans le sondage réalisé, 66% des personnes interrogées ne connaissaient pas les trois principaux signes. Les symptômes dépendent de l'importance de la réaction inflammatoire autour du caillot et de la taille du caillot. Il n'y a parfois aucun symptôme, ce qui rend la maladie d'autant plus dangereuse mais généralement on observe les signes suivants dans la jambe atteinte :
- Une douleur sourde au mollet ou à la cuisse. Il peut aussi s'agir d'un engourdissement ou de crampes ;
- Une sensation de chaleur ;
- Un gonflement (oedème) du mollet ou de la cheville, ou même de la jambe entière. La peau est brillante et dure, blanche ou bleuâtre ;
En présence de ces symptômes, il faut consulter un médecin en urgence puisque le risque d'embolie pulmonaire est élevé. Les symptômes de l'embolie pulmonaire sont l'essoufflement, des douleurs à la poitrine et parfois des crachats de sang.
Confirmer le diagnostic de phlébite
Pour confirmer le diagnostic de phlébite, direction les urgences ou le 15 ou le médecin traitant qui prescrira une échographie-doppler, c'est-à-dire une échographie pour visualiser les veines et le doppler qui montre le flux sanguin.
Un test sanguin destiné à mesurer le taux de D-dimères, une substance libérée par le caillot, peut parfois être effectué pour confirmer l'absence de phlébite si le médecin a un doute.
En cas de phlébite profonde confirmée, des médicaments anticoagulants sont injectés par voie intraveineuse ou sous-cutanée en urgence afin de dissoudre le caillot sanguin: l'héparine de bas poids moléculaire, en injection quotidienne pendant cinq à sept jours est la plus utilisée avec un relais par traitement anticoagulant par voie orale (les fameux anti-vitamines K) afin d'éviter les récidives. Ce traitement se poursuivra sur une période allant de trois mois à plusieurs années, selon le patient et ses facteurs de risque.
Le port quotidien de bas de contention est également recommandé dès le diagnostic et pendant au moins trois mois. Cela réduit l'oedème et prévient les complications (notamment le syndrome post-thrombotique).
Qu'est-ce que la phlébite superficielle ?
Il est important de bien distinguer les deux types de phlébite : la phlébite profonde et la phlébite superficielle quand le caillot sanguin se forme dans une veine de surface. Elle ne risque pas de se transformer en embolie pulmonaire et se manifeste par un petit "cordon" dur inflammatoire sous la peau. Le traitement est simplement local.
Concernant la prévention des phlébites, notamment en avion, il est conseillé de boire suffisamment (un litre d'eau pour six heures de vol), porter des bas de contention (pour quatre heures d'immobilisation de jour comme de nuit), et marcher !