Les émulsifiants associés à un risque accru de diabète ? Ce qu'il faut savoir
La consommation fréquente d'émulsifiants contenus dans les aliments industriels serait associée à un risque légèrement plus élevé de diabète, avance une nouvelle étude. Mais aucun lien de cause à effet n'a pour l'heure été démontré.
Yaourts, gâteaux, desserts ou pâtisseries industrielles, glaces, barres chocolatées, pains industriels, biscottes, margarines et autres plats préparés... Tous ces aliments contiennent des additifs alimentaires émulsifiants, comme les carraghénanes ou la gomme xanthane, ajoutés pour améliorer leur apparence, leur goût, leur texture et leur durée de conservation.
Problème : la consommation de ces additifs serait associée à un risque accru de diabète de type 2, met en garde une étude publiée ce mercredi 24 avril dans la revue Lancet Diabetes & Endocrinology.
Citrate de sodium, gomme arabique...
Cette étude a été réalisée en France dans le cadre d'une étude dite "de cohorte". Cette méthode consiste à suivre pendant des années un groupe de personnes en observant quelles pathologies elles développent tout en mesurant de multiples facteurs liés à leurs modes de vie.
La cohorte en question, NutriNet-Santé, a inclus 104 139 adultes accompagnés pendant une quinzaine d’années.
Ici, après un suivi moyen de 7 ans, les chercheurs ont observé que l’exposition chronique aux émulsifiants comme les carraghénanes (E407), le phosphate tripotassique (E340), le citrate de sodium (E331), la gomme arabique (E414) ou encore la gomme xanthane (E415) était associée à un risque accru de diabète de type 2.
Pas de lien direct de cause à effet
Ce groupe a notamment été suivi par l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui a contribué à l’étude publiée ce mercredi, et a donné lieu à de nombreuses autres recherches. Certaines suggéraient par exemple un lien entre la consommation d'édulcorants et la survenue de maladies cardiovasculaires ou de cancers.
Comme les précédentes études de la même équipe, ces conclusions ont été accueillies prudemment par d'autres chercheurs, qui pointent plusieurs limites au niveau de la méthodologie.
Celles-ci, pour certaines admises par les auteurs eux-mêmes, sont en partie liées au principe même d'une étude de ce type, dite observationnelle : elle ne permet pas d'établir un rapport direct de cause à effet entre la consommation de ces additifs et la survenue d'un diabète.
"L’ampleur des effets est très réduite"
Il n'est même pas évident que le risque de diabète soit associé précisément à la consommation de ces émulsifiants, souligne l'épidémiologiste Gunter Kuhnle, spécialiste de la nutrition, dans une réaction au Science Media Center britannique.
"Cette étude est susceptible de montrer un lien entre le diabète et des aliments qui contiennent généralement certains émulsifiants, mais pas une association avec ces émulsifiants eux-mêmes", note-t-il. Et, en tout état de cause, "l'ampleur des effets est très réduite", remarque-t-il.