Allergies : notre environnement et nos habitudes en première ligne
Nez qui coule, yeux rouges, démangeaisons : les allergies touchent aujourd'hui une personne sur trois à un moment donné de leur existence, mais devraient encore augmenter parallèlement à l'évolution de notre environnement. Les allergologues, réunis en congrès à Paris jusqu'au 22 avril, alertent sur les causes d'un mal de plus en plus répandu.
Au delà des allergies les plus fréquentes, comme celles aux pollens, aux acariens, aux piqûres de guêpe, aux poils de chat, à certains aliments, comme l'arachide, l'oeuf ou le lait de vache, bien d'autres sont apparues au fil des années, dont certaines tout à fait insoupçonnées.
"Les modifications de notre environnement et de notre rythme de vie ont un impact important sur les maladies allergiques", souligne le Dr Jean-François Fontaine, coprésident du 11e Congrès francophone de l'allergie qui se tient jusqu'à vendredi au Palais des Congrès. "La rythmicité des allergies dépend de la pollution et de notre mode de vie", renchérit le Pr Antoine Magnan, président de la Société française d'allergologie (SFA), l'autre coprésident de la conférence.
Même si tous deux reconnaissent l'existence de prédispositions génétiques aux allergies, ils insistent sur l'importance de mieux cerner les circonstances de leur apparition afin de pouvoir développer de nouveaux traitements.
Avec le retour des beaux jours, réapparaissent chaque année les allergies saisonnières aux pollens de bouleau, de platane, de cyprès, de hêtre... qui, renforcées par la pollution atmosphérique, empoisonnent la vie de millions d'allergiques.
Favorisées par le réchauffement climatique, de nouvelles plantes allergisantes se développent, comme l'ambroisie qui est en passe d'envahir toute l'Europe.
Après les pollens printanniers, place aux allergies solaires !
La vitamine D, fabriquée par l'être humain grâce à la lumière du soleil, pourrait elle aussi jouer un rôle dans l'allergie "en raison de ses multiples actions sur le système immunitaire", souligne le Dr Bonniaud.
Le soleil joue également un rôle dans des dermatoses (ou "rougeurs d'été") qui "résultent d'un contact avec la peau d'une plante et du soleil" explique-t-il. Parmi les plantes les plus souvent mises en cause figurent les ombellifères (des plantes herbacées dont certaines sont comestibles comme la carotte ou le fenouil) ou encore les oeillets d'Inde, le citron vert ou le figuier.
Autre période à risque, la rentrée scolaire : les enfants allergiques se retrouvent brutalement confrontés à du stress, des infections virales, mais également à des allergènes différents (acariens, moisissures, poils de chat apportés à l'école), souligne le Dr Fontaine.
Sont également pointées du doigt les nouvelles modes alimentaires comme celles consistant à manger des insectes crus, mijotés ou grillés, un risque que les allergiques ne devraient pas prendre, selon les allergologues.
Heureusement, notent-ils, des traitements efficaces existent : médicaments antihistaminiques et corticoïdes locaux en pulvérisation nasale auxquels viennent s'ajouter les dilatateurs bronchiques lorsque l'allergique souffre également d'asthme, ce qui arrive assez fréquemment.
Des traitements de "désensibilisation" peuvent également être mis en oeuvre. Autre piste : repérer les personnes présentant des prédispositions génétiques afin de faire de la prévention mais pour l'instant, "il n'y a pas encore de gène identifié de l'allergie", note le Pr Magnan.
La "désensibilisation", qui peut durer trois ans au total, consiste à administrer au patient de manière progressive, des doses croissantes d’extraits allergéniques, pour réduire l’hyper réactivité du système immunitaire.
Efficace contre les pollens, les acariens, les poils de chat et les venins, la désensibilisation peut également venir à bout de certaines allergies alimentaires comme l'allergie aux cacahuètes, selon une étude publiée en 2014.