Cancer : une radiothérapie au coeur du foie
Une nouvelle stratégie thérapeutique contre certains cancers du foie très agressifs vient d'être présentée à l'ASCO, le grand congrès mondial de cancérologie. Son évaluation est coordonnée depuis trois ans à l'hôpital Beaujon en région parisienne.
Réduire des tumeurs du foie qui ne peuvent plus être opérées, ni détruites par les traitements habituels, les supprimer localement en passant par les artères… tel est l'objectif d'une technique évaluée à l'hôpital Beaujon.
Cette nouvelle stratégie consiste à passer par le réseau artériel pour déposer des micro-billes radioactives dans les vaisseaux qui irriguent la tumeur et la supprimer en l'irradiant. "L'hypothèse de cette étude est de montrer que la radio-embolisation, qui est en fait une radiothérapie interne, augmente l'espérance de vie de façon supérieure", explique le Pr Valérie Vilgrain, chef du service de radiologie de l'hôpital Beaujon.
Des résultats qui exigent l'expertise de radiologues. Après une anesthésie locale, ils glissent par l'artère fémorale les dispositifs qui vont permettre de repérer précisément l'irrigation de la tumeur. Ce sont de micro-filaments qui permettent de bloquer les vaisseaux de la tumeur. Leur progression vers leur cible est suivie sur des écrans de contrôle.
Une fois le trajet du traitement préparé, son injection est simulée avec les microsphères très faiblement radioactives présentes dans une seringue plombée. Et leur répartition est immédiatement contrôlée par scintigraphie. Ce contrôle permet de vérifier que la quantité de radioactivité se situe bien au niveau de la zone tumorale à traiter.
Deux semaines plus tard, plusieurs millions de microsphères ont été préparées spécialement pour le patient. Elles se trouvent dans un flacon sous un cube de plexiglas pour protéger les médecins des radiations au fil des traitements.
L'opération est minutieuse et les radiologues doivent aller lentement car des billes radioactives pourraient partir dans d'autres vaisseaux et détruire des cellules saines. Elles doivent rester au niveau de la tumeur en irradiant à 11 millimètres autour d'elle, une action assez lente.
"Le processus est différent de la chimiothérapie qui donne tout de suite une toxicité avec une destruction qu'on appelle nécrose. Avec cette nouvelle stratégie, le processus est plus complexe. Il va y avoir de la fibrose, la nécrose, de l'inflammation et effectivement comme la radiothérapie externe, ce processus prend des semaines et des mois", précise le Pr Vilgrain. Pour avoir le recul suffisant sur l'efficacité du traitement, les résultats seront disponibles au printemps 2016.