Cancer du sein triple négatif : un traitement autorisé… pour quelques patientes seulement
Quelques dizaines de patientes souffrant d’un cancer du sein triple négatif agressif vont recevoir une autorisation nominative pour bénéficier du Trodelvy, un traitement commercialisé aux États-Unis mais toujours pas en Europe.
"Un accès compassionnel." C’est ce que l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) prévoit à partir du 3 juin pour le Trodelvy (sacituzumab govitecan), un traitement du cancer du sein dit triple négatif. Elle devrait ainsi délivrer des autorisations temporaires d’utilisation (ATU) nominatives à environ 80 patientes en impasse thérapeutique, annonce l’agence dans un communiqué.
Ce médicament, qui associe une immunothérapie et une chimiothérapie, permet d’améliorer les conditions de vie des femmes atteintes d’un cancer du sein triple négatif avec des métastases.
Les ATU suspendues depuis six mois
Si le Troveldy dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis depuis avril 2020, ce n’est toujours pas le cas en Europe où ce traitement est en cours d’évaluation à l’Agence européenne des médicaments (EMA).
Fin 2020, 64 patientes avaient reçu des premières ATU en France. Mais en janvier 2021, le laboratoire fabricant Gilead indiquait à l’ANSM que "sa capacité de production était insuffisante et ne permettait pas de débuter de nouveau traitement en dehors des États-Unis". Résultat, "afin d’assurer une continuité de prise en charge pour les femmes ayant déjà débuté le traitement, les nouvelles demandes d’ATU sont restées en suspens" jusqu’à aujourd’hui, rappelle l’ANSM.
Une commercialisation en 2022 ?
Après cette nouvelle étape, un dispositif d’accès précoce par ATU de cohorte "sera ensuite mis en place en décembre 2021 pour prendre en charge un plus grand nombre de patientes" promet l’ANSM.
Enfin, la commercialisation de ce médicament en Europe devrait être effective "courant 2022", selon l’agence.
14 mois de survie sans ce traitement
Une échéance attendue par de nombreuses patientes et familles de patientes. Et pour cause : ce cancer représente 15 à 20 % des cancers du sein et touche chaque année en France plus de 11.000 femmes, pour la plupart âgées de 30 à 45 ans. Il fait partie des cancers les plus agressifs et les plus difficiles à traiter en raison du manque de solutions thérapeutiques adaptées. Et quand les métastases se forment, la médiane de survie n’est que de 14 mois en France.
Pour demander au laboratoire Gilead un accès à ce traitement en France, un collectif de patientes, proches et familles de patientes, le collectif Mobilisation Triplettes, lançait une pétition en avril dernier. Celle-ci a déjà recueilli près de 60.000 signatures.