Amour, amitié, travail : notre cerveau choisit-il nos relations à notre insu ?
Des recherches montrent que les activités cérébrales de personnes qui discutent peuvent se synchroniser.
Il y a de plus en plus de recherches qui montrent qu’alors que nous ne nous en rendons pas du tout compte, nous avons tendance à calquer nos gestes, nos expressions, notre voix et l’ensemble de notre comportement sur les personnes avec qui nous interagissons.
D’où le fait que nous pouvons avoir des fou-rires communicatifs ou bailler de manière contagieuse.
Ce que l’on commence seulement à comprendre, c’est que ces comportements d’adaptation sont probablement le fait d’une synchronisation au niveau cérébral.
Mesurer ces phénomènes
On peut utiliser l’imagerie fonctionnelle, et on est maintenant capable de faire des expériences d’hyperscanning. Dans ces expériences, on enregistre l’activité cérébrale de deux personnes en même temps.
Ceci est particulièrement intéressant pour enregistrer simultanément l’activité cérébrale de deux personnes qui sont en train d’interagir. Ces expériences ont récemment montré que lorsque deux personnes sont en train d’échanger, leurs activités cérébrales vont se synchroniser, en particulier si elles sont proches.
Un lien parental particulier
Cette synchronisation s’opère de manière particulièrement importante entre un parent et son enfant, lorsqu’ils sont en train de jouer par exemple, mais disparait si l’enfant joue avec un adulte étranger ou s’il ne joue pas de manière collaborative mais de manière compétitive avec son parent.
Nous sommes totalement inconscients de ce mécanisme de synchronisation alors qu’il est probablement à la base de la relation que nous établissons avec autrui.
La dynamique de la conversation
Lorsque deux personnes sont engagées dans une discussion, l’activité du cerveau de l’auditeur va se caler sur celle du locuteur, et un phénomène encore plus incroyable a été observé.
Pendant qu’une personne parle, non seulement la personne qui l’écoute synchronise son activité cérébrale sur celle qui parle, mais de plus, l’activité cérébrale de celui qui écoute est légèrement en avance sur celle de celui qui parle, comme s’il anticipait ce qui allait être dit.
On pense même que plus la communication est aisée, plus ce phénomène de synchronisation est important.
A lire aussi : L'amitié, une affaire de génétique ?
Une intensité variable
Ces phénomènes peuvent être plus forts entre certaines personnes. On pense en particulier que certains leaders ont une voix, un timbre, une façon de s’exprimer qui induit un phénomène de synchronisation cérébrale plus important avec les personnes qui l’écoutent.
Les recherches ne disent pas si l’on peut acquérir le don de se synchroniser avec un maximum de cerveaux en face de nous, mais il y a fort à parier que certains gourous ont déjà bien compris ce phénomène.
Influence sur nos relations intimes
Aussi étonnant que cela puisse être, nous ne sommes pas forcément attirés par des critères esthétiques ou intellectuels que nous percevons consciemment.
Certains chercheurs ont ainsi montré que l’attraction qu’exerce une personne peut être liée à la symétrie de son visage, au ratio entre sa taille et ses hanches, qui doit être de 0.7 pour une femme ! A la couleur des vêtements qu’elle porte, le rouge étant plus attirant, voire même à ce qu’elle mange.
Une recherche aurait montré qu’une femme a plus de chance de trouver un homme attirant si elle mange un plat épicé ! Tous ces phénomènes s’opèrent bien entendu totalement à notre insu !!
A lire aussi : Le baiser, prélude amoureux
Un cerveau devin ?
Il y a des recherches actuellement, qui tendent à montrer qu’il pourrait y avoir des indices au niveau de l’activation cérébrale de l’amour durable!
Par exemple, une étude a montré que chez les couples qui durent, on a le même type d’activité cérébrale lorsque l’on montre à chaque partenaire la photo de l’autre que ce qui est observe au premier jour.
De la même manière, quand on enregistre l’activité cérébrale d’un sujet qui regarde une photo de l’être aimé, on retrouve la même activité que si celui-ci regardait sa propre photo. Chez les couples qui durent, l’être aimé et soi, ne font plus qu’un !
Enfin, on le sait, l’ocytocine est l’hormone de l’attachement qui est massivement libérée au moment de l’accouchement ou lors d’un coup de foudre.
Bien que cela se passe totalement à notre insu, c’est le niveau d’ocytocine qui va permettre au couple de durer, et certaines études ont même suggéré qu’un spray d’ocytocine quotidien pouvait augmenter la fidélité des partenaires ! A méditer !