Parkinson : un Français distingué par le prestigieux prix Lasker
Le neurochirurgien grenoblois Alim-Louis Benabid sera distingué ce 19 septembre par le prix Lasker, considéré comme "l'antichambre du prix Nobel", pour ses travaux novateurs sur la maladie de Parkinson.
Membre de l'Académie des Sciences, Alim-Louis Benabid partagera ce prix avec le neurologue américain Mahlon DeLong pour leur mise au point de la technique dite de "stimulation cérébrale profonde" (SCP). Cette intervention chirurgicale permet de réduire les troubles moteurs d'un malade atteint de Parkinson, en implantant des électrodes pour stimuler un noyau profond du cortex cérébral.
En effet, dans 10% à 20% des cas, les médicaments sont insuffisants pour réduire les symptômes de la maladie de Parkinson, ou déclenchent des effets secondaires. Dans les années 1980, on proposait aux patients de réaliser une intervention chirurgicale, en vue d'effectuer une lésion dans une zone donnée du cerveau. C'est en pratiquant ce type d'opération que M. Benabid a découvert, en 1987, qu'une stimulation électrique à fréquence élevée (100 hertz) pouvait avoir le même effet qu'une lésion. A savoir, l'arrêt des tremblements.
Plus de 100.000 patients traités dans le monde
Une électrode permanente, reliée à une sorte de pacemaker placé sous une clavicule, envoie un courant électrique à 130 hertz par seconde sur une zone du cerveau et permet aux patients de retrouver leurs capacités motrices, de supprimer le tremblement et d'améliorer leur capacité à mener leurs activités quotidiennes.
L'avantage de cette méthode est d'être réversible, avec des bénéfices durables et des effets secondaires modérés, selon la Fondation Lasker. Les travaux des professeurs DeLong et Benabid "ont permis d'améliorer la vie de plus de 100.000 patients à travers le monde", souligne la Fondation sur son site internet. Depuis 1993, plus de 3.000 patients parkinsoniens français en ont bénéficié. Dans la moitié des cas, l'amélioration constatée aurait été très nette.
Une étude récente (février 2013) menée notamment par une équipe de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (Paris) a montré que la stimulation cérébrale profonde pourrait être pratiquée de manière précoce, très rapidement après l'apparition des complications motrices, avec de bons résultats.
"Pas un remède"
"La méthode n'est pas un remède et elle n'inverse pas tous les aspects de la maladie. La parole et la cognition continuent notamment de décliner", souligne cependant la Fondation Lasker. Mais, du fait de l'innocuité de la méthode, "il y a actuellement une dizaine de maladies traitées de cette façon-là", souligne M. Benabid, en citant notamment les troubles obsessionnels compulsifs.
M. Benabid, qui était dans la confidence depuis le mois de juin, recevra le prix de la prestigieuse Fondation américaine Lasker lors d'une cérémonie à New York le 19 septembre.
Le président François Hollande et la ministre de la Santé Marisol Touraine ont d'ores et déjà félicité M. Benabid, le premier estimant que ce prix reconnaissait "la qualité exceptionnelle du travail effectué" par le Pr Benabid et honorait "la recherche médicale française".
En savoir plus sur la maladie de Parkinson :
- Parkinson : stupeur et tremblements, dossier du 7 avril 2009, mis à jour le 11 mars 2014.