Cannabis : de plus en plus d’intoxication chez les enfants !

C'est un accident domestique de plus en plus fréquent : l'ingestion de boulettes de cannabis par de jeunes enfants. Des cas d'intoxication qui peuvent être graves même si aucun décès n’a toutefois été observé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Cannabis : de plus en plus d’intoxication chez les enfants !

Une boulette de cannabis qui traîne sur la table du salon… et l’accident arrive ! Un jeune enfant avale la boulette et se retrouve intoxiqué. « Il y a 10 ans cela n’arrivait jamais, mais aujourd’hui ces cas sont de plus en plus nombreux », observe le Dr Magali Oliva-Labadie, chef du centre anti-poison de Nouvelle Aquitaine.

Un constat confirmé par une étude du réseau d'addictovigilance qui montre la "hausse constante, depuis 2014", du nombre de ces intoxications par ingestions accidentelles selon l’agence du Médicament.

La comparaison entre les données de 2010 à 2014 (60 mois) d'une première enquête concernant les enfants et celles portant sur la période du 1er janvier 2015 au 30 septembre 2017 (33 mois) est révélatrice.  L'analyse des nouvelles données met en évidence chez les enfants "2,5 fois plus d’intoxications" avec 194 cas sur 33 mois pour la seconde enquête, contre 140 cas sur 60 mois pour la précédente.

Deux fois plus d'hopistalisations

Les enfants de moins de 2 ans restent les plus concernés (le plus jeune a 7 mois, le plus âgé cinq ans). On observe aussi "deux fois plus d'hospitalisations": 120 enfants sur 140 hospitalisés (sur 60 mois) contre 140 enfants sur 194 (sur 33 mois) lors de la seconde enquête. Dix enfants ont été hospitalisés plus de 48 heures, dont un pendant onze jours.

Parmi les hospitalisations, le nombre de cas graves avec mise en jeu du pronostic vital, nécessitant une admission en réanimation, est passé de 9 enfants (sur 60 mois) à 27 enfants (sur 33 mois). Cependant "aucun décès n’a été rapporté"

Amener l'enfant aux urgences 

« En cas de doute, il faut absolument appeler le 15 et/ou amener l’enfant aux urgences », explique le Dr Magali Oliva-Labadie, chef du centre anti-poison de Nouvelle Aquitaine. « Il n’y a pas d’antidote au cannabis. La seule prise en charge est une surveillance de l’enfant à l’hôpital. L’erreur est de ne rien faire, d’attendre que cela passe. Mais si vous couchez à la sieste un enfant qui a ingéré du cannabis, il peut convulser ou faire un coma sans que les parents ne s’en aperçoivent ! Il ne faut pas avoir peur du jugement des médecins. Certes, si une famille se présente aux urgences, on va interroger les parents sur les circonstances de l’accident, comme c’est le cas pour tout accident domestique... Mais on est là pour faire de la prévention et pas la morale ! En cas d'ingestion de cannabis ou de doute sur cette ingestion, il faut vraiment amener l’enfant à l’hôpital. Là, on vérifie l’intoxication en faisant une analyse de sang et/ou urine et on surveille l’enfant, on le perfuse pour intervenir rapidement si son état s’aggrave. »

Ne pas cacher l’ingestion aux médecins

En cas d’ingestion de cannabis, les signes sont une somnolence (56%), une agitation (30%), une dilatation des pupilles (27%), un relâchement musculaire (hypotonie, 20%), une accélération du rythme cardiaque (10%), une détresse respiratoire, des convulsions (8%), voire un coma (10%).

Ces intoxications qui surviennent le plus souvent dans un cadre familial, marquent une recrudescence en période estivale et lors des fêtes de fin d'année.

Les risques sont d’autant plus importants que la teneur en THC du cannabis est élevée, et cette dernière a triplé en dix ans.

 

 

  • Le cannabis est de loin la substance illicite la plus consommée en France.
  • En 2016, 42 % des adultes âgés de 18 à 64 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie.