Prêtes pour les greffes de microbiote vaginal ?
Cette technique mise au point par des scientifiques américains pourrait permettre de lutter contre la vaginose bactérienne, responsable notamment d’odeurs désagréables.
Comme 15 à 20% des Françaises, vous avez peut-être déjà souffert de vaginose bactérienne. Cette infection, causée par un déséquilibre de la flore vaginale, est souvent bénigne, mais responsable de mauvaises odeurs, et favorise certaines infections sexuellement transmissibles (IST). Chez la femme enceinte par ailleurs, elle augmente les risques de naissance prématurée. Même si la vaginose bactérienne peut être traitée par antibiotiques, elle finit souvent par revenir. Des chercheurs américains pensent donc avoir trouvé une solution plus durable pour les femmes qui en souffrent : la greffe de microbiote vaginal.
Donner aux femmes ayant été infectées une "dose" de microbiote sain
Donner aux femmes ayant été infectées une "dose" de microbiote sain pourrait en effet les protéger d’une infection future, selon ces médecins de l’Université Johns Hopkins, dans le Maryland. Ils ont publié les premiers résultats de leurs travaux dans la revue Frontiers in Cellular and Infection Microbiology le 28 août. Ils ont ainsi testé le microbiote vaginal de 20 femmes : ils affirment, désormais, mieux connaître ce qui pourrait constituer l’échantillon "idéal".
Aujourd’hui, ils veulent expérimenter leur découverte sur 40 femmes ayant eu une vaginose bactérienne. Certaines recevraient un don de microbiote sain, d’autres un placebo. Les chercheurs viennent d’obtenir le feu vert des autorités de santé américaines pour poursuivre leurs recherches, et lancent un appel aux dons.
Le pH devient trop alcalin
Une femme peut contracter une vaginose bactérienne quand un déséquilibre important opère dans son microbiote vaginal. Le pH devient trop alcalin, et des bactéries responsables de la vaginose bactérienne peuvent se développer. Plusieurs facteurs peuvent faire augmenter le pH vaginal : les relations sexuelles (la semence et la salive, notamment, sont légèrement alcalines), les douches vaginales, ou les changements hormonaux.
Les fluides vaginaux abritent des bactéries appelées Lactobacillus crispatus. Les échantillons qui en contiennent en grandes quantités sont plus résistants aux infections et ont un pH plus faible. Les implanter dans le vagin de femmes précédemment infectées par une vaginose bactérienne pourrait donc mieux les protéger.
Les donneuses doivent s’abstenir de toute relation sexuelle pendant au moins 30 jours avant le prélèvement. Elles doivent aussi se faire dépister de toute IST. "Cela se fait par auto-prélèvement. C’est le mode de collecte qu’ont tendance à préférer les donneuses", explique à la BBC la Dre Laura Ensign, qui participe à l’étude. La patiente insère puis retire de son vagin un disque en plastique flexible, similaire à une coupe menstruelle, afin de collecter un échantillon de son microbiote. "C’est rapide et facile. Un seul prélèvement suffit pour un don", précise la Dre Ensign.