Qu’est-ce que le TMVII, cette IST due à un champignon qui se répand dans le monde ?
Plusieurs cas de TMVII, une infection fongique sexuellement transmissible, ont été signalés en France ces dernières années et un premier cas a été identifié aux États-Unis.
Après la variole du singe, se dirige-t-on vers une nouvelle épidémie mondiale d’infection sexuellement transmissible ? Un homme d’une trentaine d’années, originaire de la région de New York a été diagnostiqué du premier cas signalé aux États-Unis de Trichophyton mentagrophytes type VII, ou TMVII, une rare infection fongique sexuellement transmissible. Les détails de cette étude de cas ont été partagés mercredi 5 juin dans la revue JAMA Dermatology.
Interrogé par le New York Post, qui s’est fait l’écho de cette infection, le Dr Avrom S. Caplan, l’auteur de l’étude de cas a tenu à souligner qu’il ne s’agit que d’un cas isolé outre-Atlantique. "La première chose à noter est que nous n'avons pas de preuve que cette infection soit endémique aux États-Unis ou même répandue aux États-Unis", a-t-il indiqué. "Notre objectif est de sensibiliser les soignants et de permettre aux personnes de consulter un médecin si elles ont des éruptions cutanées chroniques et urticantes qui ne disparaissent pas avec des traitements traditionnels, en particulier au niveau de l'aine."
Une infection qui se propage en Europe
Après avoir voyagé en Angleterre, en Grèce et en Californie, le patient en question a souffert d’une violente éruption cutanée autour du pénis, de l’aine, des jambes, des bras et du dos, rapportent les chercheurs. Questionné sur sa vie intime, l’homme a révélé avoir eu plusieurs partenaires sexuels masculins durant ses voyages, mais qu’aucun d’entre eux ne présentait une infection similaire.
Dans une autre étude, publiée en 2023 dans la revue Emerging Infectious Diseases, des chercheurs de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ont répertorié 13 cas de TMVII en France ces dernières années. Parmi les patients diagnostiqués, 11 hommes ont signalé avoir eu exclusivement des rapports sexuels avec des hommes et neuf avoir eu plusieurs partenaires dans le mois précédant l’infection.
Auparavant, le TMVII avait principalement été détecté chez des hommes ayant eu des rapports avec des travailleurs du sexe en Asie du Sud-Est, avant d’atteindre l’Europe où il se propage dorénavant.
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Quels sont les symptômes du TMVII ?
Au New York Post, le Dr Caplan a précisé que les symptômes du TMVII sont similaires à ceux de la teigne corporelle, une autre infection fongique, ou mycose. Des plaques rouges de plusieurs centimètres peuvent apparaître sur différentes parties du corps et provoquer des lésions inflammatoires ainsi que des abcès purulents.
Le chercheur souligne que les éruptions cutanées du TMVII peuvent justement être confondues avec celles de la teigne corporelle ou de l’eczéma, ce qui pourrait retarder la mise en place d'un traitement approprié.
Quels sont les traitements du TMVII ?
Les infections fongiques causées par le TMVII sont difficiles à traiter et peuvent prendre des mois à guérir, alertent les scientifiques américains à l’origine de l’étude de cas. L’application de pommades antifongiques ou anti-inflammatoires généralement utilisées dans ce genre de mycoses semble pour l’instant être efficace pour traiter les premiers symptômes du TMVII.
À titre d’exemple, le patient américain a reçu un traitement à base de terbinafine, un antifongique prescrit pour traiter certaines mycoses des ongles et de la peau, avant de passer à une dose quotidienne d’itraconazole, utilisé pour traiter certaines mycoses graves ou résistantes. Il a depuis constaté une nette amélioration de ses symptômes, se félicitent les scientifiques.