La neurostimulation vagale au secours de la maladie de Crohn
La maladie de Crohn est une maladie chronique qui touche une personne sur 1.000 en France. Un spécialiste a eu une nouvelle idée de traitement. Plutôt que de soigner l'inflammation par des médicaments, ce médecin a tenté de réactiver les propres ressources du corps humain en stimulant un nerf : le nerf vague. C'est ce qu'on appelle la neurostimulation vagale. Explications.
Le nerf vague fait partie du système nerveux autonome ou parasympathique. Il commence dans l'encéphale, descend dans le cou et longe l'oesophage, passe dans le médiastin puis le diaphragme et arrive dans l'abdomen où il se termine en de nombreux filets nerveux distribués au foie, à l'estomac pour le vague gauche et à l'ensemble des viscères de l'abdomen. C'est la raison pour laquelle stimuler le nerf vague peut avoir des effets sur le fonctionnement de l'appareil digestif.
Le traitement par neurostimulation consiste à poser sous la peau un neurostimulateur. Une fois les électrodes enroulées autour du nerf, elles sont reliées à un petit boîtier placé sous la clavicule. Des impulsions électriques sont lancées toutes les cinq minutes avec pour objectif de stimuler le nerf et ainsi de rééquilibrer le système nerveux autonome.
Pour mieux comprendre le fonctionnement du nerf vague, une étude a été lancée auprès des personnes implantées. Des chercheurs travaillent depuis de nombreuses années sur ce nerf dont l'étendue des fonctionnalités est encore mal connue. "Le stimulateur a pour objectif d'augmenter, de renforcer l'activité du nerf vague qui dans la maladie de Crohn est fortement affaibli par la pathologie. Du coup, dans la maladie de Crohn, ce nerf ne peut pas exercer son effet anti-inflammatoire naturel. Par le biais de ce neurostimulateur, on va forcer en quelque sorte le nerf vague à produire son activité anti-inflammatoire. Et grâce à cet examen, nous allons pouvoir vérifier que le stimulateur stimule bien le nerf vague et que le nerf vague répond bien à la stimulation en renforçant son activité", explique Sonia Pellissier, chercheuse en neurosciences.
Grâce à des examens réguliers, électroencéphalogrammes, électrocardiogramme, et taux d'humidité présente à la surface de la peau, les chercheurs ont pu observer l'évolution de l'activité du nerf avant et après l'intervention. Résultat : après stimulation, l'activité du nerf vague réapparaît, le nerf vague est renforcé et l'activité anti-inflammatoire pourrait être renforcée.
Huit patients ont déjà bénéficié de cette nouvelle thérapie dont les premiers résultats sont plus qu'encourageants. Cette nouvelle thérapie ne peut pas malheureusement pas être testée chez tous les patients. Les critères d'inclusion sont assez stricts et la première année, les patients de l'étude clinique passent de très nombreux examens, ce qui rend impossible de postuler à l'étude si le patient n'habite pas dans la région.