MICI : où en est la recherche ?
Les MICI, autrement dit les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, touchent 200.000 personnes en France, et 5.000 nouveaux cas sont répertoriés chaque année. Et pour les personnes souffrant d'une MICI, les traitements sont souvent limités. Aujourd'hui, des recherches offrent de nouvelles pistes intéressantes. L'une de ces pistes pourrait se trouver dans notre flore intestinale.
Des chercheurs français de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) pourraient avoir trouvé l'une des causes de la maladie de Crohn grâce à des rongeurs. "Nous utilisons des souris pour lesquelles on a enlevé l'un des gènes reconnu comme impliqué dans la maladie de Crohn", explique le Dr Harry Sokol, gastro-entérologue à l'INRA.
Chez les personnes atteintes par cette inflammation, le gène CARD9 est défectueux et donc inopérant. En prélevant un peu de selles produites par les souris et en analysant la composition, les chercheurs ont constaté que la flore intestinale était altérée. Le microbiote qui vit dans notre intestin est un subtil équilibre de milliards de micro-organismes tels que des levures et des bactéries. Mais chez les souris comme chez les personnes souffrant de maladies inflammatoires de l'intestin, l'équilibre est rompu. Les populations de levures sont en très nette augmentation.
"Notre hypothèse est donc que cette augmentation des levures pourrait jouer un rôle au moins partiel dans l'augmentation de la sévérité de l'inflammation", confie le Dr Sokol. Pour valider cette hypothèse, les chercheurs ont transféré cette flore déséquilibrée dans l'intestin de souris saines. C'est ce que l'on appelle la transplantation de flore. Résultat de l'expérience : les souris qui ont hérité d'une flore déséquilibrée ont souffert d'une inflammation décuplée.
La composition de la flore intestinale semble donc bien jouer un rôle prépondérant dans ces maladies de l'intestin. Une découverte majeure qui pourrait un jour déboucher sur une nouvelle approche thérapeutique de la maladie de Crohn.