Les perturbateurs endocriniens favorisent les malformations génitales
Travailler ou être quotidiennement exposé à certains perturbateurs endocriniens (PE) augmente significativement le risque de mettre au monde des garçons présentant un hypospadias (malformation génitale touchant l’urètre). Telle est la conclusion d’une étude comparant le taux d’exposition aux PE chez les parents de 408 enfants avec hypospadias et 302 témoins dans le sud de la France.
"Dans le sud de la France, la chirurgie de l'hypospadias est plus fréquente que dans le reste du pays", explique l’équipe du professeur Charles Sultan, endocrinologue du CHU de Montpellier qui a coordonné l’étude. Des travaux antérieurs avaient déjà cherché un lien entre ce phénomène et le taux d’exposition des parents des patients à des perturbateurs endocriniens (PE) ; mais "l'absence de groupes de comparaison représentatifs" et de tests écartant les facteurs de risques génétiques rendaient les conclusions caduques.
Dans cette nouvelle recherche, initiée en 2009, la question de l’hérédité a pu être prise en compte. L’exposition aux PE environnementaux a été estimée en utilisant le code postal de résidence, le type de dangers environnants (présence d'une usine d'incinération, d'une décharge, d'une usine chimique ou de culture intensive à proximité), et les risques d’exposition professionnelle évalués par questionnaires.
Les enfants exposés in utero à des perturbateurs endocriniens [durant la période de la grossesse où peut survenir l’hypospadias] ont statistiquement 2,1 a 4,7 fois plus de risque de développer un hypospadias que les autres. Les substances incriminées étaient présentes dans des peintures (16,0%), des détergents (11,0%), des pesticides (9,0%), les cosmétiques (5,6%) et des produits chimiques industriels (4,0%).
Les emplois les plus à risques pour les femmes enceintes étaient ceux de coiffeuse, d’esthéticiennes, d’agent d’entretien et ceux liés au travail de laboratoire. La probabilité d’hypospadas est également doublée lorsque les pères sont exposés professionnellement. "La proximité de zones industrielles, d’incinérateurs ou de décharges dans les 3 km" est également lié à un risque doublé d’hypospadias.
"Cette étude [contrôlée] suggère fortement que les perturbateurs endocriniens constituent un facteur de risque de l'hypospadias par l'exposition professionnelle et environnementale au cours de la vie fœtale", concluent les chercheurs, qui noent que "l'association de différents types d'exposition peut augmenter ce risque".
Source: Is Hypospadias Associated with Prenatal Exposure to Endocrine Disruptors? A French Collaborative Controlled Study of a Cohort of 300 Consecutive Children Without Genetic Defect. C. Sultan et coll. European Urology, publication en ligne du 23 mai 2015 doi:10.1016/j.eururo.2015.05.008