Coronavirus : un médecin français contaminé par un patient
Le sixième cas de coronavirus français correspond à une contagion directe entre humains. Il s’agit d’un médecin contaminé par un patient asiatique de passage en France. L’OMS a de son côté déclaré une urgence de "portée internationale" face à l’épidémie.
Une contagion directe en France. Le sixième cas de coronavirus 2019-nCov confirmé en France dans la soirée du jeudi 30 janvier par les autorités de santé correspond en effet au premier cas de contamination entre humains sur le territoire. Il s’agit d’un "médecin libéral" qui a été contaminé en France par une personne ensuite rentrée en Asie, où elle a déclaré la maladie, a indiqué le directeur général de la santé Jérôme Salomon, lors d’une conférence de presse.
Le médecin a été hospitalisé "en isolement" à Paris et "son état n’inspire pas d’inquiétude", a-t-il ajouté. Hormis la Chine, ces cas de contagion directe entre humains avaient déjà été observés au Vietnam, en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis.
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"Urgence de santé publique de portée internationale"
De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré le 30 janvier au soir l’ "urgence de santé publique de portée internationale". L'organisation s'était refusée la semaine dernière à déclarer cette urgence mais avait finalement admis le 27 janvier que la menace était "élevée" à l'international, attribuant son appréciation précédente d'un risque "modéré" à une erreur de formulation.
"Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles", a expliqué le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse.
"Il ne s'agit pas d'un vote de défiance à l'égard de la Chine", a-t-il assuré, rappelant qu’il n’y avait pas lieu de limiter les voyages et les échanges commerciaux avec la Chine. Des restrictions à la circulation des personnes et des biens pendant une urgence de santé publique peuvent en effet être "inefficaces", perturber la distribution de l'aide et avoir des "effets négatifs" sur l'économie des pays touchés.
"Evénement extraordinaire"
Mais concrètement, à quoi sert cette déclaration d’urgence internationale ? Celle-ci est définie par l’OMS comme "un événement extraordinaire dont il est déterminé qu’il constitue un risque pour la santé publique dans d’autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies et qu’il peut requérir une action internationale coordonnée".
Ce statut autorise l’OMS à émettre des recommandations à plusieurs pays dans le but de "prévenir ou limiter la propagation internationale de la maladie". Cela signifie par exemple que l'OMS a désormais le droit d'interroger les pays sur les restrictions aux voyages qu'ils vont imposer ou ont déjà imposé, a expliqué le président du comité d'urgence, Didier Houssin, donnant en exemple "les visas refusés, la fermeture des frontières, la mise en quarantaine de voyageurs qui sont en bonnes conditions".
L'OMS n'avait jusqu'ici utilisé le terme d'"urgence de santé publique de portée internationale" que pour de rares cas d'épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l'Afrique de l'Ouest de 2014 à 2016 et la République démocratique du Congo depuis 2018.
43 nouveaux décès en 24 heures
Le 31 janvier, les autorités chinoises faisaient état de 43 nouveaux décès enregistrés en 24 heures, soit la plus forte progression quotidienne depuis le début de l'épidémie. Le nombre total de morts s’élève désormais à 213 morts et celui de patients contaminés est monté à près de 10.000 en Chine continentale (hors Hong Kong). 102.000 personnes sont par ailleurs en observation avec de possibles symptômes de la maladie, selon les autorités chinoises. Si l'essentiel des contaminations ont été détectées en Chine continentale, 18 autres pays sont touchés, avec plus de 80 cas confirmés au total, selon l'OMS.