Covid-19 : "Il faut qu'on mette le masque partout"
A l'occasion de la sortie de son livre « Nous n’étions pas prêts – Carnet de bord par temps de coronavirus », le Dr Gilles Pialoux explique pourquoi il souhaite la généralisation du port du masque.
En réponse à un auditeur de France Inter qui s’indignait de l’obligation du port du masque et de son « atteinte » à notre liberté, Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris, a rappellé lors de son interview du 17 août 2020 sur France Inter, que la réanimation est bien plus « liberticide » que le port du masque.
« Il y a vraiment quelque chose contre lequel je m’élève, cette idée que le jeu n’en vaut pas la chandelle, a expliqué l’infectiologue. Le masque, quand il est décrit comme liberticide, pour nous les soignants et encore plus pour les réanimateurs, il y a quelque chose d’inaudible ».
« La ventilation artificielle pendant 26 jours, c’est très liberticide » note le médecin, « la rééducation, après la réanimation longue parce que c’est une réanimation très longue ce Covid, et c’est une maladie qui n’a pas encore livré tous ses secrets, c’est très liberticide ».
"Il faut une culture du masque"
L’infectiologue ne cache pas sa colère face à la montée en puissance de mouvements contre le port obligatoire du masque : « Vous avez vu les bêtisiers audio ou télévisés sur le discours du masque ? Ca a été infernal ! Un coup il n’y en avait pas besoin, un coup on annonçait que le président n’en mettrait pas et il en mettait le soir à Mulhouse… »
Le Dr Pialoux est favorable au port du masque généralisé : « je suis pour qu’on mette le masque partout, parce qu’il faut un message simple. Il faut une culture du masque, une culture des mesures barrières, on a raté ce message de clarté dans la première vague. Il faut un message commun, et qu’on arrête de louvoyer."
"Nous ne sommes toujours pas prêts"
«Nous n'avons pas tiré les leçons et nous ne sommes toujours pas prêts», a déclaré le spécialiste dans son interview sur France Inter.
«Nous savons comment cela se passe» même si la maladie «n'a pas encore délivré tous ses secrets», «il faut que nous soyons vigilants dans les lieux où le virus circule». Le médecin en appelle «à la responsabilité» de tous les Français car «on passera à autre chose quand on saura gérer cette épidémie ce qui n'est pas du tout le cas aujourd'hui».
Le médecin s’inquiète de l’arrivée d’une deuxième vague : « dans les services de réanimations, cela augmente, doucement mais cela augmente. L'épidémie circule davantage chez les moins de 40 ans».
Au sujet de la dérogation préfectorale obtenue par le complexe du Puy-du-fou, en Vendée pour accueillir 9 000 spectateurs, le médecin s'indigne : selon lui, dans cette polémique, la science a été utilisée à des fins politiques.