Covid-19 : manifestation anti-confinement en Allemagne
Des milliers de militants, venus d’horizons politiques différents, ont défilé à Berlin. Ils ont protesté contre les mesures sanitaires prises par leur gouvernement. Ces revendications ont rapidement été récupérées par l’extrême droite.
Bas les masques. Tout comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, l’Allemagne a connu sa première grande manifestation anti-confinement. Une foule de plus de 15 000 personnes - selon la police - s’est rassemblée, samedi 1er août à Berlin. Ils ont réclamé l’abrogation des contraintes liées au COVID-19, comme l’obligation de porter un masque ou de respecter une certaine distanciation sociale.
Ces militants affirment que les mesures prises par leur gouvernement pour minimiser la propagation du coronavirus restreignent les libertés individuelles. Ils ont donc défilé sans masque pour la plupart et la distanciation physique d’un mètre cinquante, normalement obligatoire, n’était pas respectée. A plusieurs reprises, la police de Berlin a appelé les manifestants à respecter les gestes barrières, sans succès. Elle a annoncé sur Twitter avoir “déposé une plainte” contre l’organisateur de l’événement en raison du “non-respect des règles d’hygiène”.
Un cortège hétéroclite
“Il est impossible de trouver un point commun à ces manifestants”, a tweeté Benjamin Alvarez, un journaliste de la radio Deutsche Welle. Le cortège hétéroclite se composait d’écologistes anti-vaccins, de membres du black bloc, de militants d’extrême droite, mais aussi d’individus simplement soucieux des libertés individuelles. “Un grand mélange” avec “des gens venus de tout le pays”, résume le reporter.
Les premiers rassemblements anti-confinement ont eu lieu à Berlin dès le mois d’avril, sous l’impulsion d’intellectuels anticapitalistes. La dernière en date a été marquée par un fort discours conspirationniste. Les militants ont scandé “nous sommes la deuxième vague”, “résistance” ou encore “la plus grande théorie conspirationniste est la pandémie du nouveau coronavirus”. L’un des coorganisateurs, le dramaturge Anselm Lenz, a quant à lui assuré au journaliste Ken Jebsen que l’Etat “s’est allié aux entreprises pharmaceutiques et numériques pour abolir la démocratie”.
Augmentation du nombre de contaminations
Saskia Esken, responsable des sociaux-démocrates - parti minoritaire de la coalition gouvernementale avec les conservateurs d'Angela Merkel - s’est révoltée sur Twitter : “Sans distance, sans masque : ils ne mettent pas seulement en danger notre santé, mais aussi notre succès contre la pandémie et pour la relance de l'économie, de l'éducation et de la société. Irresponsable !"
Jan Redmann, chef de file de la CDU au parlement du Land de Brandebourg, a ajouté : "1 000 nouvelles infections par jour encore et à Berlin il y a des manifestations contre les mesures anti-coronavirus ? Nous ne pouvons plus nous permettre ces dangereuses absurdités".
Jusqu’à présent, l’Allemagne compte 9 200 victimes du coronavirus. Même si ce chiffre reste bas en comparaison de ses voisins européens, les autorités s’inquiètent d’une lente reprise du nombre de contaminations ces dernières semaines. Samedi, le nombre de nouvelles infections a ainsi augmenté de 955 par rapport à la veille, selon l'Institut sanitaire Robert Koch.
Récupération politique
Le rassemblement s'intitulait "La fin de la pandémie - Jour de la liberté". Un nom qui a fait polémique puisque “Jour de la liberté” est le titre d’un film de la réalisatrice nazie Leni Riefenstahl sur la conférence du parti d'Adolf Hitler NSDAP en 1935.
Le quotidien allemand Der Tagesspiegel remarque que ces regroupements anti-confinement sont de plus en plus “détournés par des populistes de droite et d’extrême droite”. Des membres de l’Afd - un parti eurosceptique et nationaliste allemand - et du Parti national-démocrate d'Allemagne - ultranationaliste - étaient présents ce samedi 1er août. Des contre-manifestants, dont un cortège de “grands-mères contre l’extrême droite”, sont intervenus pour les insulter de “nazis”.