Covid : 4 questions sur le dépistage massif qui pourrait être organisé à Lille
Le gouvernement envisage d’expérimenter le dépistage de toute la population d’une ville à Lille et à Roubaix. Les explications du biologiste et généticien Philippe Froguel.
Tester tout la population d’un territoire, une solution pour endiguer l’épidémie de Covid ? « Cela permettrait de gagner du temps jusqu’à l’arrivée d’un vaccin et d’éviter une troisième vague en mars-avril », selon le Pr Philippe Froguel. Ce chercheur au CNRS de Lille est l’un des scientifiques qui ont soumis le 11 novembre cette idée au Président de la République.
Le groupe de chercheurs attend que le ministère de la Santé donne ou non son accord. La décision devrait arriver d’ici quelques jours.
Pourquoi mettre en place un dépistage massif ?
Concrètement, il s’agit de tester les Lillois et les Roubaisiens en peu de temps. De cette manière, toutes les personnes positives peuvent s’isoler, ce qui réduit la circulation du virus. Selon le biologiste, cette méthode devrait permettre de revenir à la situation de mai, juste avant le déconfinement.
« Ce qu’on veut, c’est traquer les porteurs sains, un peu comme on traite un cancer », explique Philippe Froguel. « Le chirurgien enlève la tumeur, ensuite il utilise la chimiothérapie pour traquer les dernières cellules cancéreuses. S'il ne les trouve pas, elles vont se multiplier et la situation va devenir incontrôlable. »
Quelle organisation ?
« Olivier Véran nous a dit qu’il y avait assez de tests pour le faire, surtout si on utilise les tests antigéniques », assure le Pr Froguel. « Pour une grande ville comme Lille, il faut entre 1 000 et 2 000 personnes qui se mobilisent pour contacter les gens, leur donner des rendez-vous et les dépister », selon le biologiste. Mais là encore, selon le ministère, pas de problème en vue.
Pour parvenir à tester le plus de monde possible, le chercheur imagine d'allier des tests dans de grands centres de dépistage, comme au Zénith de Lille, mais aussi en pharmacie et même à domicile.
Pourquoi Lille et Roubaix ?
Selon le Pr Froguel, l’idée d’expérimenter le dépistage massif dans ces deux villes vient du ministère. De fait, déployer une telle opération est plus facile en vile.
Ensuite, les Hauts-de-France, et plus particulièrement la métropole lilloise, sont particulièrement touchés par le virus. Comme le montre ce graphique de Santé Publique France, le taux d’incidence dans la Métropole Européenne de Lille a frôlé 1000 nouveaux cas pour 100 000 habitants fin octobre. De plus, il reste très au dessus de la moyenne nationale.
Source : Santé Publique France
Que faire des personnes positives ?
« Ce qui nous inquiète le plus, c’est ce qu’on fait des personnes positives », déclare Philippe Froguel. « On n’a pas le droit de les obliger à s’isoler en France. Les personnes négatives devront donc continuer à faire attention car elles peuvent être contaminées par la suite. »
Pour la suite du processus, le biologiste et son groupe proposent de renouveler ces tests généralisés tous les 15 jours, mais seulement sur un échantillon représentatif. Cela permettrait selon eux de surveiller l’évolution de l’épidémie de Covid.
« Il n’y a pas de solution idéale, mais comme pour beaucoup de problèmes compliqués, il faut plusieurs solutions à la fois. Dans ce cadre, combiner les tests PCR, salivaires et antigéniques, même si aucun n’est parfait, c’est probablement la solution la moins mauvaise », d’après le professeur Froguel.